La Fédération des syndicats néerlandais (FNV), agissant pour le
compte d’un ouvrier bangladais de 21 ans, Nadim Sharaful Alam, se réfère
aux conditions de travail intolérables imposées aux travailleurs
immigrés employés sur les chantiers d’infrastructure pour la Coupe du
Monde au Qatar. La Fifa est accusée de complicité dans les violations
des droits de l’homme subies par les travailleurs immigrés au Qatar. Le
syndicat néerlandais lui donne 3 semaines pour accepter cette complicité
et payer des dommages-intérêts à Alam. Dans le cas contraire, il
porterait plainte contre elle.
Les dommages-intérêts réclamés sont relativement modestes (10 390,53
francs suisses, soit environ 9 534 euros), mais ce précédent pourrait
ouvrir la porte à des milliers d’autres requêtes.
La Fifa n’a cessé de répéter qu’elle faisait ce qu’elle pouvait pour
que la Coupe du Monde donne l’occasion au Qatar de changer ses
pratiques, et d’améliorer les conditions de travail pour les
travailleurs immigrés en particulier.
Dans un courrier adressé à la Fifa, des avocats du syndicat lui
demandent de « reconnaître qu’elle a mal agi en attribuant la Coupe du
Monde 2022 au Qatar sans obtenir l’assurance que ce pays respecterait
les droits fondamentaux humains et le droit du travail à l’égard des
ouvriers de construction immigrés dont le travail est lié à la Coupe du
Monde 2022 ».
La Kafala
Le syndicat affirme également que la Fifa aurait dû imposer
l’abolition du système de la kafala, qui oblige les travailleurs
immigrés au Qatar à recourir au « parrainage » d’un employeur ou d’un
citoyen qatari qui devra donner son autorisation pour qu’ils puissent
quitter le pays.
Souvent, ils sont attirés par des publicités trompeuses, et se
retrouvent obligés de rembourser les frais de recrutement qu’ils ont
occasionnés pour leur employeur, parfois pendant plusieurs années. Ce
dernier peut confisquer leur passeport et leur refuser son autorisation
de quitter le territoire lorsqu’ils le désirent.
Ces contraintes obligent parfois les immigrés à accepter des contrats
de travail qu’ils n’auraient pas acceptés dans des conditions normales,
et de ce fait, d’une certaine manière, la Kafala s’assimile à une forme
d’esclavage moderne.
Une “minute de silence” de plus d’une heure
Au Qatar, les conditions de travail peuvent être très éprouvantes.
Les travailleurs étrangers sont obligés de trop longues heures à des
températures qui atteignent 50° C, sans possibilité de s’abriter ou de
se rafraîchir.
En juillet de l’année dernière, le magazine espagnol El Pais Semanal
avait calculé que si l’on devait débuter chacun des 64 matches qui
seront joués au Qatar pour la Coupe du monde de football 2022 par une
minute de silence pour chaque travailleur décédé, il faudrait faire
précéder chaque match d’un silence de plus d’une heure. A cette époque, des médias avaient rapporté que 1.200 travailleurs immigrés étaient déjà décédés sur
les chantiers de construction des stades au Qatar, et l’on prévoyait
que 2.800 de plus s’y ajouteraient jusqu’à l’ouverture de la coupe du
Monde.
Vous soutenez I-Télé ? Oui, vous savez, les gentils journalistes en
lutte contre le méchant Bolloré qui tente d’imposer Jean-Marc Morandini à
l’antenne…
Il y a ces temps-ci une épidémie de journalistes qui découvrent que
leurs patrons ne sont pas des anges et s’en offusquent publiquement.
C’est du moins ce que le bruit médiatique nous laisse percevoir.
Le premier gros « boum » s’est fait entendre avec le livre « Le monde
libre » d’Aude Lancelin. Ancienne directrice adjointe de l’Obs, elle a
été remerciée dans des conditions pour le moins désagréables et pour des
raisons politiques. Elle en a tiré un livre (full disclosure : que nous
n’avons pas encore lu) qui raconte avec une extrême précision c’est
qu’est un journal comme l’Obs. Car si le portrait est celui de l’Obs, il
s’applique dans les grandes lignes à sans doute à peu près toute la
presse.
Et puis il y a eu le malaise Morandini. L’animateur est mis en examen
pour corruption de mineur aggravée par l’utilisation d’un moyen de
communication électronique, et placé sous contrôle judiciaire. Et les
journalistes d’I-Télé trouvent que cela fait désordre. Ils font donc
grève. Mais le font-ils pour les bonnes raisons ?
La présence de Morandini, mis en examen ou pas, à l’antenne est en
elle-même une insulte au journalisme. C’est là que devrait se trouver le
point de rupture. Morandini incarne comme Cyril Hanouna ou bien
d’autres, tout ce que la télévision peut produire de pire et de plus
éloigné du journalisme.
On pourrait expliquer que ce n’est pas nouveau. L’irruption de patrons d’entreprises dans le secteur de la presse ne date pas d’hier.
Ils sont marchands d’armes, bétonneurs, banquiers, maroquiniers. Bref
tout sauf des patrons de presse. Ils appliquent leurs recettes à des
entreprises qui ne peuvent pas fonctionner comme les autres. Et ça fait
des journaux ou des télés de m…
Nous n’inventons rien. En 1987, le dessinateur Wiaz passait un dessin
à l’antenne, sur TF1 récemment rachetée par Bouygues, représentant un
Francis Bouygues s’écriant : « Une maison de maçon.. un pont de maçon..
une télé de m…! ». Dans la foulée, l’émission était arrêtée.
Le problème dénoncé par les journalistes d’I-Télé ou la journaliste
de l’Obs n’est donc pas nouveau. Les patrons de presse sont désormais
pratiquement tous des gens qui ne sont plus issus du secteur. Cela pose
trois soucis principaux qui ne viennent pas d’être découverts.
Le premier est économique. Quand on a une rentabilité de 30 % dans
son secteur initial, on attend la même chose dans une entreprise que
l’on rachète. Soit-elle une entreprise de presse. Or c’est impossible.
La presse est un secteur complexe qui ne peut produire de la qualité
qu’avec beaucoup de dépenses. Placer des M. Excel qui font des coupes
magiques dans les dépenses, cela réduit obligatoirement la qualité de ce
qui est produit. Moins de reportages, moins de correcteurs, moins de
documentation, des journalistes qui font plusieurs métiers en plus du
leur… Il n’y a que ces nouveaux patrons pour penser que l’on peut faire
mieux avec moins.
Deuxième problème : les nouveaux patrons de presse s’achètent une
danseuse. Ils pensent que la presse est toujours le 4ème pouvoir. Or
leurs relations avec les différents pouvoirs (économique, politique,
financier) sont légion. Ils ont donc une envie très puissante de ne pas
laisser les journalistes qu’ils se sont achetés critiquer leurs amis.
D’où les censures que l’on a pu observer. Dans l’autre sens, on peut
observer des articles qui « favorisent » les amis des patrons de presse.
Enfin, il reste le problème de l’information du public. Qui découle du problème précédent.
Peut-on imaginer un article défavorable à LVMH dans Les Echos, un
journal qui appartient à Bernanrd Arnault ? Un article critique sur
Dassault dans Le Figaro, qui appartient à Dassault ? Un article sur IOL dans Libération qui
appartient à Patrick Drahi (SFR), gros consommateur de sondes Qosmos)
ou dans Le Monde, qui appartient à Xavier Niel (Free) ?
Le Monde Diplomatique a
dressé récemment une carte de la presse que les journalistes des
différentes rédactions pourraient utilement regarder. Ils sauraient
ainsi quelles sont les limites imposées dans l’exercice de leur métier.
Les journalistes qui font tant de bruit médiatique actuellement ne
découvrent pas le problème. Il y a juste un élément déclencheur, un
ras-le-bol. Mais il n’y a pas d’issue à leur problème. Il y a un choix
unique : être dedans ou dehors. Si l’on accepte de travailler dans une
rédaction, il faut prendre en compte les baronnies, le poids de la
publicité, des investisseurs, des patrons de presse vendeurs d’armes ou
de sacs-à-main. En échange, on bénéficie d’un salaire à peu près
convenable. On tire un trait sur le journalisme mû par la passion, la vocation.
Si l’on préfère faire ce métier parce que l’on a une vocation, une
passion, une envie d’informer le public sans biais, il faut désormais
être dehors ou dedans et dehors. L’indignation soudaine ne suffit plus.
Comme lors de leur dissolution, les Bérurier Noirs criaient « Formez des
groupes de rock… LIBRES ! », il est temps de créer des journaux libres.
C’est ce que nous avons décidé de faire avec Bluetouff il y a maintenant à peu près six ans.
C’est une responsabilité. Nous avons payé le prix d’une parole libre.
Quant à vous, chers lecteurs, votre responsabilité est de donner à ce
journal libre les moyens de sa survie. Car aujourd’hui, ce n’est
toujours pas le cas. Et vous risquez de vous retrouver avec des I-Télé
ou des l’Obs dont même les journalistes semblent dire qu’il s’agit de
médias de m… maçon…
En juin 2011, une frappe de l’OTAN vise la propriété du général El
Hamidi, un allié de la première heure du colonel Kadhafi. Les huit
missiles tirés ne parviennent pas à tuer le militaire retraité, mais
massacrent sa famille. 17 personnes, dont trois enfants, sont tuées dans
le raid. S’ensuivra une cascade de dénégations et de justifications
plus invraisemblables les unes que les autres.
Me Ghislain Dubois, à Bruxelles, est l’avocat des victimes de cette
attaque criminelle et délibérée contre des civils. Il mène aujourd’hui
le seul procès en cours visant l’OTAN en tant qu’institution. S’il
existe des crimes de guerre caractérisés, cet assassinat politique ciblé
en est indiscutablement un. Cela ne veut pas dire pour autant que la
justice belge soit prête à le reconnaître. Me Dubois nous livre le récit
d’un combat révoltant contre le déni de justice et de ses implications.
Il rappelle aussi l’ignorance dans laquelle ont été tenues les opinions
sur les motifs et les circonstances de l’élimination du leader libyen.
L’Allemagne et la Deutsche Bank sont dans l’œil du cyclone
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Auteur : Robert Bibeau | Editeur : Walt | Mardi, 25 Oct. 2016 - 07h36
Prenez la peine de vous informer à propos des difficultés
financières de l’Allemagne, la troisième économie mondiale. Ce qui se
passe là-bas sera bientôt le lot des pays occidentaux.
Depuis plusieurs jours les médias financiers s’émeuvent des difficultés des banques allemandes. Une vidéo du réseau Le Fil de l’Actualité propose
une explication qui obscurcit plus qu’elle n’éclaircit le prétendu
mystère de la faillite imminente de la Deutsche Bank, l’une des plus
grandes banques d’Europe (1). Pourquoi et comment en est-elle arrivée
là ?
La Deutsche Bank en difficulté
Ce n’est pas en scrutant les opérations bancaires et boursières
journalières de la Deutsche Bank que vous découvrirez le motif de sa
faillite appréhendée. En effet, cet examen critique des opérations de la
banque allemande laisse entendre que la banque aurait pu agir autrement
d’où la conclusion de la présentatrice de l’émission à l’effet que les
gouvernements devraient légiférer pour contrôler les banques et les
empêcher de spéculer et de mener des opérations boursières trop risquées
comme celles des « subprimes » en 2007. Mais si une banque se voyait
soudainement empêcher de prêter l’argent de ses épargnants, elle ferait
faillite immédiatement plutôt que dans cinq ans.
Reprenons point par point le raisonnement qui nous est présenté dans cette vidéo du webmagazine Le Fil d’Actualité afin d’en démontrer l’inanité.
« La Deutsche Bank possède un capital de 17 000 milliards de dollars
US en placement (prêts), pourtant elle enregistre une perte de 7
milliards de dollars cette année, au motif que la Banque Centrale
Européenne, imposant un taux directeur à zéro pour cent, rend le prêt
d’argent peu payant, forçant ainsi la Deutsche Bank à des placements
boursiers mieux rémunérés, mais aussi plus risqués. Pire, le
gouvernement des États-Unis poursuit la banque allemande pour un montant
de 15 milliards de dollars pour son implication dans l’arnaque des
« subprimes » en 2007-2008 aux É.-U. Du capital à prêter la Deutsche
Bank en a à satiété puisque l’Allemagne a un excédent commercial de
plusieurs milliards de dollars chaque année (272 milliards de dollars en
2015) ». L’analyste poursuit sa fumisterie en disant qu’il y a trop d’épargne en
Allemagne et pas assez d’emprunts ce qui est démentit par les chiffres
publiés par le FMI qui démontre que l’endettement atteint des niveaux
record dans tous les pays de l’hémisphère nord, y compris en
Allemagne (2). Ce qui manque aux investisseurs Allemands ce sont des
occasions d’affaires dans lesquelles investir leur capital bancal. Il
n’y a nulle part où cette banque puisse prêter cet argent sans risquer
de le dilapider – car le problème ce n’est pas la « financiarisation ou la monétarisation »
de l’économie « irréelle » (sic) comme l’écrivent les économistes, le
problème c’est l’étranglement de l’économie capitaliste. Le problème ce
sont les marchés anémiés, sans solvabilités, que les « vautours »
financiers s’arrachent faute d’autres proies à dépecer. Le
capital est disponible à profusion, mais il ne parvient plus à se
valoriser – à s’investir « profitablement », ce que les économistes
marxistes appellent « l’accumulation capitalistique » – d’où
les banquiers – ces argentiers de métiers – sont contraints de lui
imposer une circulation forcée à travers le circuit financier qui ne
peut que se dégrader au point d’imploser. Car contrairement à ce que
prétendent les économistes gauchistes la circulation financière du
monétaire ne crée que valeurs boursières imaginaires, via une
circulation parasitaire qui accapare une part croissante de la
plus-value aux dépens du secteur productif de l’économie (industriel –
construction – primaire – transport). Mais attention, ce phénomène n’est
pas apparu au stade ultime impérialiste du mode de production
capitaliste. Cette pratique existait dès l’origine de ce mode de
production, la phase impérialiste là simplement exacerbée jusqu’à le
faire imploser.
Pourquoi l’Allemagne est-elle dans l’œil du cyclone ?
L’Allemagne est dans l’œil du cyclone parce que l’économie allemande
est prospère et la plus moderne, la plus robotisée, du monde. L’économie
allemande est celle qui a atteint la plus forte composition organique en capital (Capital
fixe/Capital variable), ou, si vous préférez, les immobilisations
allemandes divisées par la rémunération des prolétaires allemands. Dans
une économie nationale, la valeur marchande produite (valeur ajoutée =
Va) par rapport au capital investi donne un indice du niveau de
productivité de l’économie. La formule va comme suit : (Va/ (Cc =
Immobilisation) + (Cv = rémunération)). De ce point de vue l’économie
allemande est très performante, car c’est une économie fortement
mécanisée et robotisée, ayant donc une forte productivité. En
conséquence, c’est aussi l’économie qui connait la plus forte baisse de
son taux moyen de profit. La loi de la baisse tendancielle du taux de profit se
lit comme suit : « Lorsque la composition organique du capital augmente
plus rapidement que le taux de plus-value, le taux de profit baisse »
(Karl Marx).
Ainsi, des calculs récents montrent qu’en Allemagne la productivité
du travail salarié plafonne alors que le taux de plus-value (Valeur
ajoutée = Va) diminue pour l’ensemble de l’économie tout comme aux
États-Unis (3). Pire, quand le taux de plus-value diminue ceci
signifie que le capital ne parvient plus à se reproduire en quantité
suffisante pour se régénérer et pour croitre et c’est un indice de la
déchéance du mode de production capitaliste. C’est ce processus
que l’on appelle le stade impérialiste du mode de production capitaliste
et il survient d’abord dans les économies les plus en pointe, les plus
performantes. La phase ou les contradictions inhérentes à ce
mode de production, pleinement développées, en paralyse l’expansion et
en provoque l’attrition. Rien à voir avec l’apparition du « capital financier », la pseudo « financiarisation et la monétarisation » de l’économie, ni avec la « monopolisation et la socialisation de la production », ni avec « l’exportation de capitaux à la place des marchandises » qui sont simplement des symptômes, des conséquences de la décadence et non sa substance.
Examinons une citation de Lénine tirée de son livre « L’impérialisme
stade suprême du capitalisme ». Lénine écrit « Traduit en clair, cela
veut dire que le développement du capitalisme en est arrivé à un point
où la production marchande, bien que continuant de « régner » et
d’être considérée comme la base de toute l’économie se trouve en fait
ébranlée, et où le gros des bénéfices va aux « génies » des machinations financières. À la base de ces machinations et de ces tripotages, il y a la socialisation de la production ; mais l’immense progrès de l’humanité, qui s’est haussée jusqu’à cette socialisation, profite… aux spéculateurs ».
Lénine adopte ici une position réformiste, au même titre que les analystes du Fil de l’actualité qui prétendent que machinations et tripotages de la part des spéculateurs financiers sont les causes de la crise systémique du capitalisme en phase impérialiste, une phase différente du « capitalisme classique » disait Lénine (4).
Appliquons ces principes à la faillite imminente de la Deutsche
Bank. En plaçant leur capital financier, dans des prêts risqués –
sulfureux, les banquiers allemands n’ont pas tripoté – ils n’ont fait
que leur devoir – ce qu’ont fait les banquiers du monde entier ; car
bien peu d’occasions d’affaires « profitables » s’offraient à leur
sagacité affamée. S’ils ne l’avaient pas fait, leur banque aurait déjà
périclité. Les banquiers et les spéculateurs boursiers ont été forcés
par les lois du système économique et financier à ces
opérations risquées puisque tout autre chemin de valorisation du
capital (financier, monétaire, ou autres appellations) leur était
fermé. À la prochaine occasion, ils devront récidiver. Aucun système de
contrôle gouvernemental – aucune règlementation étatique capitaliste –
ne pourra jamais empêcher le capital de tenter de se frayer un chemin au
sein de la superstructure financière dans une veine tentative de
fructifier, objet ultime de son existence. Ce phénomène n’a rien à voir
avec la « socialisation de la production » proclamée par Lénine. Il ne faut jamais prendre la conséquence pour la substance.
Pour conclure
L’explication ultime de la crise de la Deutsche Bank ainsi que des
crises qui secouent le système financier capitaliste réside dans le
procès de production (l’infrastructure sur laquelle repose la
superstructure) jamais dans les rapports de production, jamais dans la
responsabilité de tel ou tel agent économique fonctionnaire du capital.
Les malversations des banquiers allemands ne fournissent pas le motif de
la faillite de la Deutsche Bank, elles sont simplement la réaction de
survie que ces banquiers ont imaginée pour sauver leur institution tout
comme les autres banquiers de la Cité et de Wall Street l’ont fait et le
referont. La solution à la crise systémique du capitalisme n’est pas de
règlementer ou de tenter de contrôler l’activité des banquiers, c’est
de détruire le système bancaire capitaliste et l’ensemble du mode de
production capitaliste ainsi que l’État capitaliste – son État-major –
qui ne pourra jamais sous aucune condition être redressée n’en déplaise
aux réformistes et aux opportunistes.
À l’échelle internationale, les déboires de la Deutsche
Bank démontrent que l’Allemagne se retrouve à nouveau aujourd’hui à la
croisée des chemins au sein de l’économie européenne et mondiale. Son
développement économique la place en opposition à l’expansion du capital
américain, du capital chinois, du capital russe en Europe centrale. Les
alliances impérialistes se redessinent. D’un côté la Russie resserre
ses liens avec la Chine, le Royaume-Uni aussi. La France resserre ses
liens avec l’Amérique tandis que l’Allemagne, isolée, tente de
rassembler les pays de sa sphère d’influence européenne.
La classe prolétarienne n’a rien à faire dans ces galères
impérialistes mortifères qui courent à la guerre et elle doit bien
comprendre ces dispositions géopolitiques – refusée de prendre partie
dans ces conflits inter-impérialistes et conservée ses énergies pour le
marathon final.
Chaque année, les grands laboratoires pharmaceutiques dépensent des
millions d’euros en « études observationnelles ». Le principe ?
Rémunérer des médecins pour qu’ils transmettent à ces mêmes labos des
données concernant les effets des médicaments prescrits sur leurs
patients. Problème : entre des objectifs scientifiques et sanitaires
louables, et des pratiques commerciales visant à assurer la prescription
de leurs produits par les médecins concernés, la frontière est parfois
floue. Et les intérêts économiques en jeu colossaux. La pratique est
très répandue en Allemagne, mais aussi en France. La transparence,
beaucoup moins. Les patients et la Sécurité sociale, qui finance les
prescriptions, s’y retrouvent-ils ? Basta ! a mené l’enquête.
La plupart du temps, c’est par un courriel que les médecins sont
contactés. Un laboratoire pharmaceutique leur propose de participer à
une étude sur un médicament bien précis, en prescrivant, le plus
souvent, ce dernier. Puis d’observer les éventuels effets du produit, en
remplissant un questionnaire que récoltera et analysera, plus tard, le
laboratoire. En contrepartie, le médecin reçoit de l’argent : d’une
dizaine d’euros à plusieurs milliers pour chaque patient inclus dans
l’étude.
Des études scientifiques qui visent à récolter des données et
améliorer les traitements ? Officiellement, oui. Dans la pratique, les
choses sont moins évidentes. « Ces études dites “observationnelles” sont
lancées avec le prétexte de faire de la recherche, mais très souvent,
elles ne donnent lieu à aucune publication revue par les pairs », pointe
Anne Chailleu, de l’association Formindep,
une association pour une formation et une information médicales
indépendantes « de tout autre intérêt que celui de la santé des
personnes ». A quoi servent ces études, pour lesquelles les grands
laboratoires pharmaceutique dépensent des millions d’euros ?
Entre 400 et 1 200 euros par patient
En février, le Formindep a reçu le témoignage d’un hépatologue
(spécialiste des maladies du foie) qui affirme avoir été contacté par
deux laboratoires lui proposant des études observationnelles sur le
traitement contre l’hépatite C. En échange de la prescription de leurs
médicaments et du remplissage d’un cahier d’observation des patients, ce
médecin aurait pu recevoir, en fonction du laboratoire, entre 400 et
1 200 euros par patient inclus dans l’étude, avec une limite de dix
patients. De quoi lui assurer un sympathique complément de revenus.
En Allemagne, le site d’information Correctiv a
révélé en mars dernier les montants faramineux des honoraires versés
par les laboratoires pharmaceutiques aux médecins du pays, pour des
études d’observation de médicaments déjà sur le marché. Certains depuis
des dizaines d’années [1]. La firme pharmaceutique française Servier,
mise à l’index pour le scandale du Mediator, a ainsi distribué des
millions d’euros aux médecins allemands [2]. Pour son médicament pour le
cœur, le Procoralan, en vente outre-Rhin depuis 2006, Servier a conduit
une étude sur 13 250 patients allemands, et versé pour cela 190 euros
par patient observé, soit au total plus de 2,5 millions d’euros. Ce
médicament provoquerait pourtant d’importants effets secondaires, comme
des troubles cardiovasculaires parfois mortels [3].
De même pour Sanofi. Le plus grand laboratoire pharmaceutique
français a réalisé en Allemagne des études observationnelles pour onze
produits différents sur la période 2009-2014 [4]. L’une d’entre elle
concernait un produit destiné aux diabétiques, le Lantus,
en vente depuis déjà quinze ans. Pour en « étudier » les effets, Sanofi
a versé aux médecins jusqu’à 200 euros par patient pour 22 580 patients
observés, soit 3,5 millions d’euros au total.
Un caractère scientifique contesté
En 2014, plus de 12 000 médecins conventionnés allemands ont
participé à ce type d’étude, soit un médecin conventionné sur dix. Ce
sont au total plus de 100 millions d’euros que les firmes
pharmaceutiques distribuent en moyenne chaque année aux médecins
allemands pour ces études observationnelles.
Pour quel apport scientifique ? Les 50 médicaments les plus concernés
par ces études sont en majorité des préparations analogues à des
médicaments qui existent déjà. Et beaucoup sont des produits dont
l’efficacité a été jugée médiocre par les autorités sanitaires
allemandes, pointent les journalistes de Correktiv. La filiale allemande
du laboratoire suisse Roche a déboursé plus de 34 millions d’euros pour
étudier les effets sur plus de 17 000 patients d’un médicament de
traitement de l’hépatite C (Pegasys) classé par les autorités sanitaires
allemandes comme un médicament analogue à un produit déjà existant
présentant une différence marginale ou inexistante [5]. Des médecins et
chercheurs interrogés par les journalistes allemands ont jugé que ces
études observationnelles sont souvent infondées du point de vue
scientifique.
En France, peu de transparence
Qu’en est-il en France ? Contrairement à l’Allemagne, il est pour
l’instant impossible d’avoir une vue d’ensemble sur ces pratiques. Les
données disponibles sont très parcellaires. Plus d’un millier d’études
observationnelles menées entre 2012 et 2015 sont recensées dans la base « Transparence santé »,
mise en place par le ministère de la Santé en 2014 pour informer sur
les liens d’intérêt entres les industriels du secteur pharmaceutique et
les professionnels. On y trouve notamment des dizaines d’études menées
par les laboratoires Teva (Israël) et Lundbeck (Danemark). Mais la base
de données Transparence santé ne donne d’information ni sur les
médicaments concernés, ni sur le montant des honoraires, pas plus que
sur le nombre de patients observés. Un manque auquel la future loi santé
pourrait remédier.
Interrogés par Basta !, les laboratoires ne se montrent en général
pas prompts à s’exprimer sur le sujet. Le service de presse du groupe
Sanofi en France nous renvoie ainsi vers Sanofi Allemagne, qui est l’une
de ses filiales, détenue à hauteur de 100 % du capital. À la
question « A quoi sert une étude observationnelle pour un produit en
vente et prescrit depuis 25 ans ? », le service de presse de Sanofi
Allemagne n’a apporté aucune réponse.
Seuls les laboratoires Teva, Abbvie (États-Unis) et Ipsen ont accepté
de répondre à nos questions. Teva a mené des études observationnelles
sur environ 8 500 patients entre 2012 et 2015. Pour quels médicaments ?
Des pilules contraceptives (Leeloo et Zoely), des traitements contre la
maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, et du cancer [6]. Le
porte-parole du laboratoire assure que ces études « font l’objet d’un
rapport d’étude clinique. Ces derniers peuvent être publiés sous forme
de poster ou de présentation orale au cours de congrès scientifiques
nationaux ou internationaux », et de publications scientifiques.
« Améliorer la vie des patients »
De son côté, le laboratoire Abbvie répond point par point à nos
questions. L’entreprise pharmaceutique mène actuellement quatre études
observationnelles en France. Dont une sur son médicament contre
l’hépatite C, le Viekirax, proposée à l’hépatologue cité en début
d’article. Son objectif, nous décrit son directeur de la communication,
est de« mesurer l’efficacité et la sûreté du médicament en "vie réelle",
d’améliorer la vie des patients ». Fatigue, productivité au travail,
tolérance et efficacité du traitement : plusieurs critères sont évalués
pour servir ensuite, si nécessaire, à améliorer le traitement ou sa
posologie. Tout cela, en plus de la pharmacovigilance exercée par les
médecins qui obligent ces derniers à faire remonter les effets
indésirables constatés sur leurs patients lors de la prise d’un
traitement. L’étude observationnelle serait en quelque sorte une
stratégie pro-active du laboratoire pour améliorer son médicament.
Mais en payant des médecins jusqu’à 1 200 euros par patient inclus
dans l’étude, l’objectif n’est-il pas aussi de convaincre ces médecins
de prescrire ce médicament, plutôt que celui de leur concurrent ? La
somme d’argent versée ne viserait qu’à les faire participer activement
aux études, affirme Abbvie. Elle se justifierait par le travail qui leur
est demandé : assurer jusqu’à quatre visites médicales du patient, et
remplir un questionnaire pour récolter les données. Que nous n’avons pas
pu consulter.
« Ces études servent à garder un lien avec les médecins »
La rémunération des médecins est un véritable enjeu pour les
laboratoires. Certains des praticiens qui participent à des études
jugeraient même la somme trop faible pour prendre le temps de remplir
les questionnaires. C’est ce que révèlent d’anciens employés du
laboratoire pharmaceutique français Ipsen. Ces attachés de recherche
clinique ont travaillé pendant plusieurs années sur une étude
observationnelle sur le Nutropin, une hormone de croissance
commercialisée par le laboratoire. Leur rôle : vérifier les données
saisies par les médecins qui reçoivent pour ce travail une rémunération
maximum de 150 euros par patient et par an. Mais de nombreux médecins
n’auraient pas souhaité remplir les données exigées par le laboratoire.
« Normalement, pour ce genre d’études, il y a un double contrôle,
explique Luc, ancien employé d’Ipsen. Le protocole demandait au médecin
de remplir les données, et le personnel du laboratoire devait ensuite
vérifier que cela était bien fait [7]. Là, les cahiers d’observation
étaient souvent vides. C’était donc à nous, personnel du laboratoire, de
rentrer ces données à partir des dossiers médicaux des patients. Alors
même que nous n’avons pas obligatoirement de formation médicale et que
nous pouvons passer à côté de quelque chose d’important ». Sans double
contrôle, les données ne seraient pas fiables et certains événements
indésirables pourraient être remontés tardivement au laboratoire,
affirment les anciens employés. L’hormone de croissance est un
traitement placé sous haute-surveillance des autorités, car ses effets
indésirables seraient potentiellement graves [8].
Faire connaitre le traitement ?
« L’objectif principal de ces études est la surveillance
pharmacovigilance, en récoltant des données des événements indésirables
liés ou pas au produit, pour améliorer les traitements et leur sécurité
d’utilisation, précise Léa, également ancienne attachée de recherche
clinique au sein du laboratoire. La plupart du temps, elles servent
simplement à garder un lien avec les médecins, pour qu’ils prescrivent
un médicament précis ». Plusieurs concurrents de cette hormone de
croissance existent alors sur le marché. Le Nutropin est un nouveau
produit commercialisé par le laboratoire qu’il faut réussir à faire
connaître, estime l’ancienne employée. Son coût : environ 310 euros pour
une injection toutes les semaines, souvent pendant plusieurs années.
D’après nos sources, la hiérarchie et les différents services du
laboratoire – qualité, marketing, médical – sont informés du remplissage
des cahiers d’observation par les attachés de recherche clinique, à la
place des médecins. Avant le début de l’étude, l’un d’entre eux justifie
cette pratique « comme un élément essentiel dans le choix de
prescription d’une [hormone de croissance] pour la plupart des
services », ajoutant que« ce type de support est proposé par la
concurrence. Ne pas assister les médecins qui le souhaiteraient nous
serait préjudiciable ». Alors que d’autres services sonnent l’alerte sur
les dangers de cette absence de contrôle des données, le service
marketing insiste sur l’impératif commercial.
« Le travail d’observation n’a aucun impact sur la santé du patient »
Le laboratoire Ipsen nous assure au contraire avoir « toujours eu
pour principe le respect du cadre légal et réglementaire des relations
avec les professionnels de santé et s’est toujours engagé à un
comportement éthique dans ce domaine ». « L’étude dont vous parlez n’est
pas une étude clinique, mais une étude observationnelle. Il s’agit donc
de saisie informatique pour collecter des données, donc les bonnes
pratiques cliniques ne s’appliquent pas, assurent Didier Véron, le
directeur de la communication, et Olivier Gattolliat, le directeur
médical des opérations France. Il n’est absolument pas obligatoire
d’avoir une saisie puis une vérification de cette saisie. On peut avoir
une saisie unique du médecin ou d’une personne à qui le médecin a
délégué cette responsabilité. Ce dernier garde l’entière responsabilité,
quelle que soit la personne qui saisit ces informations ».
Mais le protocole de l’étude sur le Nutropin prévoit bien que ce sont
les médecins qui remplissent ces données, et non une personne employée
par le laboratoire qui finance l’étude. « Nous avons été informés de ce
problème, et nous avons réalisé un audit interne pour voir ce qu’il
s’est passé. Suite à cet audit, des décisions ont été prises, en toute
transparence avec les autorités de santé. Nous nous sommes assurés de la
bonne conformité des procédures de travail, et les mettons à jour
régulièrement. Dans le cadre de cette étude observationnelle, le travail
d’observation n’a aucun impact sur la santé du patient ». Le
laboratoire précise aussi être en contentieux sur les conditions
économiques de départ avec ces salariés, et ne pas partager leur
analyse.
Qu’en pense l’Agence nationale de sécurité du médicament et des
produits de santé (ANSM), contactée par ces anciens employés à partir de
2014 ? L’ANSM a été informée « que le laboratoire Ipsen aurait en effet
conduit un audit sur ces études, procédé au remonitorage complet
[vérification de la cohérence entre les données source existantes dans
le dossier patient, avec les données reportées dans le cahier
d’observation afin de s’assurer de l’exactitude des données collectées
dans le cadre de l’essai] de celles-ci et à la déclaration des cas de
pharmacovigilance pertinents. Il est à noter que ces cas déclarés avec
délai ne modifient pas le profil de sécurité des spécialités
concernées ». L’ANSM n’a pas vérifié les déclarations du laboratoire,
puisqu’elle a estimé que « les faits rapportés par le délateur et la
nature des études citées ne motivaient pas le déclenchement d’une
inspection de l’ANSM à court terme ». Les méthodes qui auraient été
employées par le laboratoire ne poseraient pas de souci dans ce genre
d’études, assure l’agence nationale [9].
Que fait l’Ordre des médecins ?
Comment vérifier le véritable objectif de ces études
observationnelles ? Une partie de cette mission est déléguée au Conseil
national de l’Ordre des médecins. Ce dernier reçoit une copie de tous
les contrats et doit vérifier qu’elles ne constituent pas des cadeaux
indus, et donc que la rémunération est proportionnée au travail
demandé [10].
Un aperçu de ces données est disponible dans un rapport de
la Cour des comptes de mars 2016 sur la prévention des conflits
d’intérêts en matière d’expertise sanitaire. 17 009 conventions
d’honoraires ont été transmises au Conseil national de l’Ordre des
médecins (Cnom), en 2014, pour un montant global de 78,9 millions
d’euros. Ces conventions sont d’abord étudiées par les conseils
départementaux de l’Ordre des médecins, avant d’être transmises,
parfois, pour avis, au Conseil national. Sur les conventions qui lui ont
été transmises, le Cnom aurait donné un avis défavorable dans 41 % des
cas en 2014, et 71 % des cas en 2015.
Dans son rapport, la Cour des comptes pointe que ces refus sont
justifiés, entre autres, par « le caractère jugé excessif du montant des
honoraires par rapport à la charge de travail demandée au médecin ».
Quelle est la proportion d’études observationnelles parmi ces
conventions d’honoraires ? Quelle est la nature de ces conventions,
leurs montants et les laboratoires qui initient les études ? Le Conseil
de l’Ordre des médecins n’a pas répondu à nos sollicitations.
Des études exigées par les autorités
Les études observationnelles ne sont pas toutes lancées à
l’initiative des laboratoires. Elles sont parfois exigées par les
autorités sanitaires, qui estiment qu’il y a des lacunes dans les
dossiers d’Autorisation de mise sur le marché. « Au lieu de demander de
nouvelles études, avant la mise sur le marché, les agences du
médicament approuvent sans attendre, et reportent après la
commercialisation une partie de la preuve d’efficacité ou d’innocuité du
produit », explique Anne Chailleu, du Formindep.
Le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui fixe le prix
des médicaments en France, peut aussi demander une étude pour justifier
un prix [11]. « Le laboratoire est alors doublement gagnant : il obtient
une autorisation au rabais – moins exigeante, moins coûteuse, plus tôt,
avec un meilleur prix – et a de surcroît la possibilité de prendre
contact et de rémunérer les premiers prescripteurs, avec la bénédiction
des autorités ! »
Des prescriptions qui rapportent gros
Faute de transparence, difficile d’identifier l’utilité réelle de ces
pratiques et d’éventuels abus des laboratoires. Une partie des études
peuvent servir à améliorer un traitement ou à déterminer si un
médicament doit toujours être remboursé par la Sécurité sociale, malgré
les soupçons d’incitation à prescrire le produit pour lequel les
médecins seront rémunérés plutôt qu’un autre. Pour des médicaments, qui,
on le voit en Allemagne, ne sont pas toujours classés comme forcément
plus efficaces que des produits déjà existants. Mais qui rapportent gros
aux laboratoires concernés !
Pourquoi Novartis a-t-il dépensé près de 25 millions d’euros auprès
des médecins allemands, entre 2009 et 2014, sur des études intégrant 35
000 patients et portant sur le Lucentis, un traitement contre la
dégénérescence maculaire, une maladie de l’oeil [12] ? Peut-être parce
que ce médicament qui coûte plus de 740 euros par mois, avec une durée
de prescription de plusieurs mois, permet d’engranger d’importants
bénéfices. 35 000 patients qui achètent au moins une fois du Lucentis
rapporteront 25,9 millions d’euros à Novartis, qui entrent ainsi dans
ses frais pour l’ensemble de l’étude.
En Allemagne, en 2014, le Lucentis a été prescrit plus de 111 000
fois, pour un coût global pour les assurances maladies de plus de 130
millions d’euros [13]. En France, le Lucentis représente une dépense de
318 millions d’euros et se place en 4ème place des remboursements de la
sécurité sociale en 2014. Sur un autre médicament, l’Entresto, Novartis
ne s’en cache pas : sa nouvelle étude observationnelle doit lui servir à booster ses ventes.
Un retour sur investissement financé par la Sécurité sociale ?
Autre exemple : quel est l’intérêt pour un laboratoire de proposer à
un hépatologue entre 400 et 1 200 euros pour chaque patient inclus dans
des études observationnelles sur le traitement de l’hépatite C ? Ces
traitements coûtent jusqu’à 39 000 euros par patient, une somme prise en
charge à 100% par la Sécurité sociale française [14]. De façon
générale, ces études pourraient servir à habituer les médecins à
prescrire ces médicaments plutôt que d’autres, et aider ainsi à assurer
une partie des bénéfices des laboratoires. Ni Novartis, à propos de ses
études sur le Lucentis, ni le laboratoire Gilead, qui produit des
médicaments contre l’hépatite C, n’ont répondu à nos questions.
A première vue, en pratiquant ces études observationnelles, les
laboratoires pharmaceutiques dépensent des millions d’euros. Mais le
retour sur investissement est lui-aussi bien réel ! Le coût des études
est-il répercuté sur le prix des médicaments, remboursés par la Sécurité
sociale ? Quoi qu’il en soit, c’est au final l’assurance maladie qui
assure les bénéfices des laboratoires. Alors même que les patients ont
fortement été mis à contribution pour en résorber le fameux « trou »,
notamment à travers une diminution des remboursements de certains
médicaments, touchant souvent les malades les plus précaires.
Quels risques sanitaires ?
L’enjeu de ces pratiques est enfin sanitaire. Les études proposées
par les laboratoires peuvent servir à prolonger les prescriptions de
médicaments dont l’efficacité est parfois faible, si ce n’est nulle.
Quand le médicament n’est pas tout simplement dangereux. C’est ce qu’ont
montré des scientifiques étasuniens dans un article publié en 2008,
à propos du laboratoire Merck et de son médicament le Vioxx, un
anti-inflammatoire utilisé contre l’arthrite. Officiellement, l’étude
visait à mesurer la sûreté gastro-intestinale de ce médicament par
rapport à son concurrent, le Naproxen. Dans la pratique, des documents
révélés lors d’un procès, et analysés par les scientifiques, montraient
comment l’étude était avant tout un outil de « marketing présenté comme
de la science ».
Au début des années 2000, sous l’effet des nombreuses techniques de
marketing, les ventes de Vioxx ont explosé : elles rapportent plus de
deux milliards de dollars, chaque année, à Merck. Mais en 2004, un
scandale sanitaire explose. Il apparaît que la prise du Vioxx augmente
les risques d’infarctus du myocarde. Rien qu’aux États-Unis, plus de
30 000 personnes sont décédées, après la prise du médicament, sur 20
millions d’utilisateurs. « Le laboratoire a versé 4,85 milliards de
dollars d’indemnisation sans reconnaître aucune faute, alors qu’il était
au courant dès le début des effets secondaires du médicament »,
s’insurgent l’euro-député Michèle Rivasi, le pharmacien Serge Rader, et
la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy dans l’ouvrage Le racket des
laboratoires pharmaceutiques, et comment en sortir [15]. Pourtant, les
autorités sanitaires étasuniennes n’ont pas été en mesure de prévenir ce
scandale.
L’étude observationnelle lancée par Merck au début de la
commercialisation du Vioxx, en 1999, a donc permis de développer la
prescription d’un médicament présentant des risques vitaux pour les
patients. « Les objectifs premiers de ces essais destinés à vendre
(« seeding trials ») sont dissimulés au public, à la profession médicale
et aux membres des instances institutionnelles de contrôle, écrivent
les chercheurs dans leur article, ce qui les empêche de prendre une
décision pleinement informée sur la balance des bénéfices et des risques
pour eux et pour la société. » À l’image de l’Allemagne, les autorités
sanitaires françaises se décideront-elles enfin à imposer la
transparence et une régulation efficace de ces études
observationnelles ?
Notes:
[1] Les journalistes de Correctiv ont obtenu ces données, qui
concernent la période 2009-2014, de la caisse d’assurance maladie
allemande qui gère les rémunérations des médecins conventionnés
(Kassenärztliche Vereinigung). Font partie de ces données les
informations sur les médicaments étudiés, leur date de mise en vente, le
nombre de patients observés et le montant des honoraires versés aux
médecins par patient. Voir ici.
[7] Le médecin a la responsabilité de remplir ces données. Il peut
cependant le déléguer à un co-investigateur de son hôpital (un autre
médecin, une infirmière, un attaché de recherche clinique hospitalière).
Mais ce travail ne doit pas être assuré par le laboratoire lui-même.
[9] L’Agence européenne du médicament évalue actuellement l’étude
observationnelle européenne sur le Nutropin, à laquelle fait partie
l’étude du laboratoire Ipsen.
[10] Les études observationnelles doivent aussi être déclarées au
Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière de
recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS) et à la Commission
nationale informatique et liberté (Cnil, en charge de la protection des
données personnelles). Mais elles ne font pas l’objet d’une déclaration à
l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), « puisqu’elles ne
sont pas interventionnelles », c’est-à-dire qu’elles n’impliquent pas
d’expériences, nous répond le service de presse de l’ANSM.
[14] En 2014, le Sovaldi, commercialisé par le laboratoire Gilead, a
coûté 650 millions d’euros à l’assurance maladie. Son prix, qui varie
très fortement d’un pays à un autre, fait l’objet de fortes
controverses. Lire ici et là.
[15] Michèle Rivasi, Serge Rader, Marie-Odile Bertella-Geffroy, Le
racket des laboratoires pharmaceutiques, et comment en sortir, Éditions
Les petits matins, 2015.
Une pénurie organisée de traitement contre le cancer en Italie a
fait bondir les prix jusqu’à 1500%, relançant le débat sur la
tarification des médicaments en Europe.
Le 14 octobre, l’autorité italienne de la concurrence (AGCM) a
condamné l’entreprise pharmaceutique Aspen Pharma à une amende de
5 millions d’euros pour avoir fait du « chantage » à l’agence des
médicaments italienne, l’AIFA.
Aspen aurait notamment menacé de cesser de livrer des traitements
contre le cancer, particulièrement ceux utilisés pour les enfants et
personnes âgées, si l’agence n’augmentait pas les prix des médicaments.
Des augmentations jusqu’à 1 500 %
Dans sa déclaration, l’agence italienne des médicaments souligne que
l’entreprise est la seule à produire ce type de traitement, et a donc
abusé de sa position sur le marché. Elle dénonce aussi des « prix fixes
injustifiés » présentant des augmentations incroyables, jusqu’à 1 500 %,
punis par l’amende.
Les procédures ont été lancées l’an dernier par Altroconsumo, le
membre italien du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC),
après des plaintes liées à des pénuries de certains traitements.
Aspen avait acheté les traitements oncologiques en question à la
firme GlaxoSmithKline. Son brevet ayant expiré il y a dix ans,
l’augmentation des prix a soulevé des inquiétudes. L’entreprise a donc
lancé des négociations agressives avec l’AIFA et a fini par menacer
d’interrompre la livraison de médicaments sur le marché italien. Les
traitements anticancers ont disparu, avant de réapparaitre 15 fois plus
chers qu’avant.
Ilaria Passarani, qui dirige le département Alimentation et santé du
BEUC, s’est déclarée consternée par ces pratiques pernicieuses qui
placent le profit avant tout, et notamment la santé et la vie des
patients. « Cinq traitements vitaux contre le cancer ont été retirés du
marché, avant d’être réintroduits à des prix impossibles. L’impact de
cette manœuvre sur les consommateurs n’est pas seulement grave, mais
également injustifié », estime-t-elle, regrettant que les pénuries
soient devenues courantes en Europe.
« S’agit-il s’un problème d’approvisionnement ou d’une stratégie
commerciale délétère ? Dans le premier cas, c’est déplorable et le
problème doit être résolu. Dans le second cas, c’est tout à fait
évitable et il faut punir les responsables », s’indigne-t-elle.
Ilaria Passarani exhorte également la Commission européenne à
enquêter sur ce type de stratégies non éthiques dans d’autres pays,
suite aux conclusions du Conseil des ministres de la Santé en juin.
Les institutions s’alarment
Quand l’accès des patients à des médicaments essentiels efficaces et
accessibles est mis en danger par des « prix très hauts et intenables,
le retrait du marché de produits sans brevets ou la non-entrée sur le
marché national de certains produits pour des causes de stratégie
économique des entreprises et que le gouvernement n’a parfois qu’une
influence limitée sur la situation », cela constitue une défaillance du
marché, ont estimé les ministres de la Santé au mois de juin.
Ils appellent donc les États membres à coopérer afin de créer un meilleur accès aux traitements.
Lors d’une interview avec EurActiv,
Petar Moskov, le ministre bulgare à la Santé, a déclaré que la Bulgarie
et la Roumanie comptaient sur une coopération régionale pour négocier
ensemble le prix et la disponibilité de certains médicaments.
Le Parlement européen s’est également inquiété de l’accès au
médicament et de la tarification pratiquée par l’industrie
pharmaceutique. L’eurodéputée espagnole Soledad Cabezón Ruiz (S&D),
auteure du rapport sur l’accès aux médicaments, a exigé la mise en place
de mesures pour le marché pharmaceutique à l’échelle européenne, afin
d’obtenir des prix équitables pour les médicaments.
Pouvoirs de la Commission
La Commission européenne est chargée des questions de concurrence des
produits médicaux sur le marché européen, mais la question du
remboursement des médicaments relève de la compétence exclusive des
États membres.
Yannis Natsis, de l’Alliance européenne pour la santé publique, a
récemment accusé l’exécutif européen de ne pas en faire assez. « La
Commission n’a peut-être pas de compétence exclusive sur la santé, mais
elle a beaucoup de pouvoirs en ce qui concerne la réglementation liée
aux produits pharmaceutiques, via l’Agence européenne des médicaments »,
souligne-t-il.
L’hallucinante clause du TTIP interdisant de porter plainte contre les USA… mais pas contre tous les autres pays !
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Auteur : Charles Sannat | Editeur : Walt | Samedi, 15 Oct. 2016 - 15h10
La guerre économique que nous livrent les États-Unis est sans merci et d’une violence inouïe.
Nos élites corrompues et massivement achetées par les 32 000
lobbyistes encartés et déclarés à Bruxelles ont depuis bien longtemps
abdiqué la défense des intérêts des peuples européens.
On nous impose des traités iniques et totalement déséquilibrés.
Nos dirigeants sont prêts à signer tout et n’importe quoi pour conserver leur plaçou de mamamouchi.
La chancelière allemande Angela Merkel a laissé récemment entendre
que les critiques du Traité de libre-échange transatlantique (TTIP)
étaient liées à l’antiaméricanisme et que s’il s’était agi d’un accord
avec la Russie, les hommes d’affaires n’auraient pas été aussi
critiques.
Or, des analystes ne partagent pas son avis. Ceux qui critiquent le TTIP se voient accusés d’antiaméricanisme.
Toutefois, cette approche est erronée et les auteurs des critiques
veulent uniquement attirer l’attention sur les risques liés à ce traité,
a déclaré dans un entretien à Sputnik Folker Hellmeyer, analyste en
chef de la banque allemande Bremer Landesbank. « Je ne partage pas le
point de vue de Mme Merkel. La critique découle de la perception de
risques potentiels liés à cet accord », a expliqué l’expert.
Et de préciser que, premièrement, en vertu de cet accord,
on ne pouvait pas porter plainte contre les États-Unis devant les
tribunaux internationaux, que ce soit la Cour Pénale Internationale
(CPI) ou le Tribunal international du droit de la mer. Ceci étant dit,
l’accord autorise à porter plainte contre les autres pays, y compris
l’Allemagne.
« Si vous signez un accord irréversible, ceci crée un risque de
subordination. Pour communiquer avec un partenaire sur un pied
d’égalité, le contrat doit être réversible », a précisé l’expert. Les
tribunaux d’arbitrage entre les États avec un système judiciaire
efficace ne répondent pas aux normes modernes.
La démocratie impose la primauté du droit à l’égard de tous les
participants. Le TTIP ne satisfait pas cette exigence. Si vous
établissez un tribunal spécial dans lequel le tribunal décide lui-même
qui sera le juge, le procureur et l’avocat, ceci est contraire à l’état
de droit, ce qui est inacceptable.
Le deuxième problème réside dans les appels d’offres étatiques. Le
TTIP accorde le droit aux États-Unis de participer aux appels d’offres
en Europe, alors que les Européens ne bénéficient pas d’un droit
similaire aux États-Unis. Ceci crée une zone non accessible. Je suis
pour le libre-échange, mais sous une forme différente », a-t-il
souligné.
D’ailleurs, le risque persiste que les accords de commerce deviennent
un instrument géopolitique : « Prenons l’Accord de partenariat
transpacifique.
Il exclut la Russie et la Chine bien que ce soient des acteurs
majeurs », a indiqué M. Hellmeyer. Or, selon lui, la signature du TTIP
peut donner lieu à l’émergence de fronts d’affrontement global, ce qui
n’est pas bon pour l’Allemagne : « Nous vivons de notre rôle de
modérateur dans l’économie et la politique internationale, et
parallèlement nous faisons du bon business.
Et je vois des risques liés au TTIP ». « Il serait bon que les
États-Unis se plient à la juridiction internationale », a-t-il fait
remarquer. Les prétentions de Washington vis-à-vis des autres pays sont
révolues compte tenu de leur part de 16-17 % dans l’économie mondiale.
D’après Folker Hellmeyer, l’attitude des autorités US vis-à-vis à des
acteurs européens, que ce soit Volkswagen ou Deutsche Bank, revêt un
caractère de guerre économique. « Nous constatons que des compagnies
européennes subissent un traitement différent de celles de l’axe
Washington-New York-Londres », a conclu l’expert.
Une enquête accuse l'organisation de bienfaisance de ne pas remplir
ses engagements et d'enjoliver systématiquement les résultats de son
activité. Des habitants et des ONG d'Haïti, où le nombre de personnes
tuées par l'ouragan Matthew a dépassé la barre des 1 000, appellent à ne pas donner d'argent à la Croix-Rouge américaine. Bien
qu'au moins 350 000 personnes aient besoin d'aide après cet ouragan
dévastateur, les victimes de la tempête prient de ne pas virer les dons
sur les comptes de cette organisation, informe The Independent.
« Dans les jours qui viennent, beaucoup d'entre vous vont m'écrire et
me demander comment vous pouvez aider Haïti, a écrit une femme sur
Twitter après l'ouragan. Ne donnez pas d'argent à la Croix-Rouge
américaine ». Cette méfiance s'explique par une enquête menée par la
radio NPR (principal réseau de radiodiffusion non commercial et de
service public des États-Unis). Ses auteurs affirment que la Croix-Rouge
américaine, après avoir collecté près d'un demi-milliard de dollars
pour l'élimination des conséquences du tremblement de terre survenu en
2010, n'a construit que six maisons au lieu de 700 en Haïti. La NPR
accuse également l'organisation d'enjoliver systématiquement les
résultats de son activité.
Suite au séisme de 2010, près de 11 milliards de dollars ont été
donnés aux habitants d'Haïti, mais sept ans plus tard, cet argent n'est
toujours pas arrivé à ses destinataires à cause d'une mauvaise
répartition des moyens. Selon l'Unicef, près de 55 000 personnes continuent à vivre dans des tentes.
Rien que dans la province de Grand Anse, l'ouragan Matthew a détruit
plus de 66 000 maisons. De nouveaux foyers de choléra ont également été
enregistrés, la maladie ayant emporté la vie de 10 000 personnes depuis
2010.
Un deuil de trois jours a été décrété dans le pays en mémoire des victimes de l'ouragan.
Le rôle des «économistes» : gardiens du temple financier
Cela fait déjà un moment que j’ai remarqué le petit jeu d’économistes
ou de financiers, tous formés à l’école de «l’économie», qui alertent
publiquement, car les médias leurs sont souvent grands ouverts, le
commun des mortels sur les dangers de la continuation telle quelle du
mouvement économique global. Et puis tout à coup, on nous dévoile qu’une
monnaie mondiale est en préparation, appelée DTS, formellement encore
une simple «unité de compte»… Quelques «économistes-financiers» arrivent
pour clamer la bonne nouvelle. La vérité, pour ceux qui ont compris le
rôle des élites financières cachées à la City, Wall Street n’étant
qu’une émanation de la première, est extrêmement simple à comprendre.
Les économistes (Olivier Delamarche, Charles Sannat, Olivier
Berruyer, mais beaucoup d’autres encore) plus ou moins consciemment –
car beaucoup sont littéralement empêchés de raisonner par les dogmes
infligés lors de leur «formation» qui s’apparente plutôt à
un «formatage» – sont là pour ameuter, inquiéter un public médusé par
son ignorance des causes et des effets d’un système duquel ils ont été
soigneusement gardés à bonne distance. Les «économistes» de bonne
volonté, qui sont au courant des mécanismes en jeu, décrivent ces
derniers pour expliquer à tout le monde que l’on va dans le mur, pas
d’échappatoire possible.
Ainsi, monte, inexorablement, dans le public ignorant, la vague de
l’angoisse, de la peur, de tout perdre, laquelle vague est soigneusement
alimentée par la montée du chômage de masse ; chômage découlant
lui-même de l’organisation au niveau mondial de la liberté de
circulation des capitaux (mais CHUT, il ne faut surtout pas le dire !).
Tout comme les prétendus problèmes financiers du monde ont été créés de
toute pièce par la centralisation des questions monétaires entre les
mains de banques centrales indépendantes – du pouvoir politique mais pas
du pouvoir financier – et par le choix délibéré de la dérégulation
financière. Là encore, silence radio total, personne ne doit pouvoir
faire ces liens intéressants entre tous…
Les médias de masse, aucun n’étant indépendant au sens financier du
terme, relaient très consciencieusement cette inquiétude afin de bien
faire monter la température du bouillon dans lequel la grenouille
collective est plongée. Et puis tout à coup, on commence timidement à
entrevoir que l’élite financière a une solution à nous proposer. Cette
solution est présentée comme une alternative, la seule alternative
possible, à l’effondrement généralisé de la finance mondiale qui aurait
pour conséquence de faire basculer l’intégralité de la civilisation à
l’ère d’un Mad Max planétaire (étant entendu que les esprits sont
parfaitement conditionnés, depuis plusieurs décennies, par les films
américains, à une débâcle généralisée de la civilisation).
Cette solution est apportée, à pas de velours, par certains
économistes financiers très au fait des «tractations internationales» et
surtout du problème collectif telque ci-dessus décrit. Nous pouvons
donner l’exemple de JC Collins, qui est un cas d’école.
Ainsi, se fait jour dans un public soulagé, l’idée selon laquelle
nous pourrions collectivement échapper au grand reset financier. Il
suffisait d’y penser…
Et la solution vient du FMI, un organe financier international créé
par les accords de Bretton Woods dans l’objectif de mettre en œuvre
l’ordre financiarisé, c’est-à-dire la domination des élites financières
au niveau mondial, auquel nous sommes arrivés. Mais il y a plus, le FMI
seul ne suffit pas à la tâche, il a besoin de l’aide de la banque des
règlements internationaux (BRI en français, BIS en anglais) comme
soutien de son projet. Comme je l’ai déjà expliqué dans ma série de décryptage du système économique global,
la BRI, créée en 1930, est la première institution financière du monde à
avoir obtenu, sans qu’aucun État n’y voit à redire, le statut juridique
d’un État, à la réserve près que cette banque ne supporte en aucune
façon la charge collective d’avoir à organiser les relations sociales ;
non, cet État nouvelle norme ne répond qu’à une unique préoccupation :
mettre en œuvre les intérêts bancaires supérieurs. Cela devrait évoquer
à chacun d’autres modèles d’État dans l’État, souverains dans la
gestion des intérêts financiers de leurs membres, j’ai cité la City, le
Vatican ainsi que tous les États-paradis fiscaux du monde. Mais non, là
encore, il ne faut surtout pas que qui que ce soit fasse ce genre de
relation de cause à effet. Les États ne doivent pas savoir qu’ils sont
d’ores et déjà instrumentalisés, jusque dans leur légitimité juridique
et surtout politique.
Ainsi, des organismes – FMI, BRI – traditionnellement grands
pourvoyeurs de bien communse réunissent pour sortir le monde de la
catastrophe bruyamment annoncée. Ils vont engendrer un panier de
monnaie, qui sera une unité de mesure, permettant de sortir les échanges
internationaux de la suprématie du désormais uniformément détesté
dollar américain.
Ce qui devrait faire réfléchir le commun des mortels est évidemment
que les intérêts qui avaient propulsé le dollar comme monnaie d’échange
internationale en remplacement de la livre sterling sont précisément les
mêmes que ceux qui nous proposent aujourd’hui les droits de tirages
spéciaux (DTS). Cela ne demande qu’un tout petit effort de compréhension
des mécanismes en cause et surtout des personnes et de leurs intérêts
financiers bien réels qui se cachent derrière les institutions
financières nationales et internationales. Cet effort, hors de portée
des «économistes» est en revanche à la portée de n’importe quel juriste
qui se donnerait un tant soit peu la peine d’analyser sérieusement les
institutions dans lesquelles on vit. C’est justement ce que j’ai fait.
La réalité intentionnellement cachée derrière les DTS
Les élites financières sont en train de concocter une nouvelle
avancée dans leur ordre mondial proclamé Nouvel Ordre Mondial. Il
s’agit, et les institutions de l’Union européenne auront été à cet égard
un «galop d’essai» grandeur nature, de créer une crypto-monnaie
mondiale, que le magasine The Economist a appelé dès 1987, le Phénix, en
lui prédisant une entrée en jeu dès avant 2018. La suite logique sera
l’avènement d’institutions politiques mondiales, de type fédéraliste, et
là encore, les institutions européennes auront été un «galop
d’essai» grandeur nature, avec à la clef une réduction drastique de la
population mondiale, ici encore annoncée à grand fracas.
Mais pourquoi, me direz-vous, pourquoi tant de haine à l’égard des
humains qui, finalement, n’ont eu de tort que de laisser s’enrichir
au-delà de toute espérance cette race de rapaces, prédateurs, apatrides
que sont les financiers internationaux ?
La réponse est simple, elle se trouve ici ; elle se trouve dans le phénomène parfaitement expliqué par ce brillant sujet qu’est Mikhail Khazine.
Depuis la révolution industrielle et les découvertes juridiques et
sociales faites notamment (mais pas seulement) par Karl Marx, le monde
entier ne tourne conceptuellement qu’autour d’un unique sujet de
préoccupation : le gain de parts de marché, gain impossible à réaliser à
terme. Dès lors, deux modèles ont, au cours du XXesiècle, vu le jour :
un modèle d’économie fermée, mis en œuvre par l’Union soviétique, et un
modèle d’économie ouverte mis en œuvre par l’Occident, qui prospère
aujourd’hui au-delà de toute espérance de ses promoteurs.
Malheureusement, aucun de ces deux modèles n’est viable sur le moyen, et encore moins sur le long terme.
Mais aucun des cerveaux en charge de l’organisation des relations
collectives, c’est-à-dire aucun homme politique et aucun conseiller,
enfermés qu’ils sont dans leur prison conceptuelle, n’a la capacité
cognitive de distinguer la troisième voie de développement humain. Cette
troisième voie est pourtant évidente à n’importe qui doté d’un minimum
de jugeote et de capacité cognitive et conceptuelle.
La troisième voie de développement, la seule qui soit viable sur du long terme
Cette voie de développement, ni communiste ni ultra-libérale, fait
appel à la conscience humaine, à l’instinct de chaque être humain qui,
sans réfléchir outre mesure, sait que s’il fait mal à son voisin au
petit déjeuner, il s’expose à recevoir la même ration au dîner : l’épée
de Damoclès évite à elle seule toutes les dérives comportementales.
Seules des élites depuis trop longtemps à l’abri de tout voisinage sont
hors de capacité de comprendre ce phénomène pourtant d’une grande
simplicité qui peut se décrire comme«l’instinct de survie en groupe».
Une fois que l’on a compris cela, et que l’on a perçu comment
fonctionne le monde actuel, la troisième voie de développement apparaît
de façon naturelle et lumineuse, ou plutôt elle s’impose. Je vais vous
la décrire dans les très grandes lignes.
Cette voie consiste à ce que la population de chaque pays, tous
secteurs d’activité ou de non-activité confondus (secteurs marchands et
non marchands) reprenne aux banquiers le contrôle de la monnaie que ces
derniers leur ont volé. La monnaie doit être diffusée gratuitement en
nombre suffisant pour couvrir les besoins humains raisonnables, que ce
soit en termes de survie (se nourrir, se loger, se soigner, s’instruire
etc.) ou en termes d’imagination, de créativité et de développement
économique. Il serait ici superfétatoire de rappeler le nombre
d’inventions qui ont été saboté par l’ordre établi afin que ces
dernières n’arrivent jamais aux yeux et aux oreilles du grand public.
Ces inventions avaient, dans leur grande majorité, pour intérêt, bien
commun celui-là, de réduire la dépendance civilisationnelle aux
hydrocarbures par nature en présence limité sur cette terre ; et, par
voie de conséquence, de réduire la dépendance de la population aux
quelques tenanciers financiers du modèle de développement économique en
vigueur.
Doivent être organisé des comités civiques chargés de réguler, dans
chaque pays, la masse monétaire en circulation. J’insiste lourdement sur
le fait que cette masse monétaire ne doit pas brider les idées
quelquefois géniales que nombre de gens ingénieux et créatifs peuvent
avoir pour sortir le monde de la dépendance oligarchique aux
hydrocarbures et autres matières finies. Cela ne se fera pas en un mois,
mais les«hommes politiques» doivent faire confiance à leur population…
Les institutions économiques et financières mondiales doivent être
dénoncées, sans aucune exception, et supprimées. Les échanges
internationaux se feront simplement en mettant en œuvre la théorie de la
monnaie structurale qui est une technique permettant la mise en œuvre
des échanges internationaux par la voie de la régulation des monnaies
libérées du joug bancaire. Cette théorie a été développée par un
banquier de formation comptable, non apatride de cœur et d’esprit.
Les États doivent reprendre le contrôle politique de la manière de
faire du commerce international en bannissant définitivement les modèles
de l’OCDE et de l’OMC qui ne sont là que pour une seule chose :
affirmer et confirmer la prééminence des multinationales sur les États.
La possibilité juridique de l’anonymat des capitaux doit être
définitivement et mondialement éradiquée car elle ne sert qu’un seul
maître : les détenteurs du pouvoir économique et financier. Cette
possibilité a, à elle seule, permis le déploiement mondial d’une élite
apatride qui s’est hissée, de siècle en siècle, via l’amoncellement de
personnalités morales fictives permettant le plus complet anonymat et la
plus complète opacité, au rang des États. J’ai personnellement
développé une théorie juridique de l’entreprise permettant de pourvoir à
l’objectif de rendre au «fait politique» le contrôle effectif du «fait
économique».
Chacun doit absolument comprendre que le concept d’«État» fait
aujourd’hui, en raison de l’ordre économique et financier en vigueur,
l’objet d’un abus de droit, abus de langage, le tout révélant un abus
moral et politique (l’accaparement élevé au rang légal et
internationalement accepté) incompatible avec le concept même de
civilisation.
Escroquerie bancaire : après la Wells Fargo, voici la Bank of America
Auteur : Pierre Jovanovic | Editeur : Walt | Samedi, 01 Oct. 2016 - 19h44
On n'a plus une semaine sans une grande arnaque des banques. Cette
fois c'est la Bank of America qui a été épinglée par le gendarme de Wall
Street pour avoir volontairement déclenché des mini-crashes via ses
ordinateurs ultras rapides qui achètent et vendent des millions
d'actions en une seconde. Pas moins de 15 crashes ont été organisés en
2012, 2013 et 2014 afin de jouer dessus via sa filiale Meryll Lynch...
La SEC a collé une amende de juste 12 millions de dollars, pas
grand-chose pour une activité criminelle.
Si vous savez à l'avance que tel jour il y aura un crash sur telle ou
telle action, vous pouvez gagner des millions sans ciller. Magnifique.
Ce sont juste les petits porteurs et les fonds de retraite qui sont
dépouillés... La vie est belle pour les banquiers.
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de LEMOA. En
jargon global du Sud, LEMOA – Logistics Exchange Memorandum
Agreement [Accord sur les échanges logistiques] – est vraiment une
grande affaire, signée à la fin août par le ministre indien de la
Défense Mohan Parrikar et le capo du Pentagone Ash Carter.
Comme Carter l’a embobiné quatre mois avant la signature, LEMOA
stipule que les forces américaines «peuvent» être déployées en Inde dans
des circonstances particulières. Essentiellement, Delhi permettra à
Washington de faire le plein, de garder des contingents et du matériel
dans des bases indiennes, mais seulement en cas de guerre.
En théorie, l’Inde ne propose pas aux États-Unis de base militaire
permanente. Pourtant, compte tenu du palmarès passé du Pentagone, cela
peut évidemment changer en un éclair.
Pas étonnant que les nationalistes indiens soient outrés – insistant
sur le fait qu’il n’y a aucun gain stratégique dans ce gambit, en
particulier pour une nation qui est très fière d’être l’une des
fondatrices du Mouvement des non-alignés (NAM).
Les mamours avec le Pentagone arrivent seulement quelques mois après
que le Premier ministre Narendra Modi – qui avait refusé un visa
américain pendant près d’une décennie – s’est exprimé dans une réunion
conjointe du Congrès, déclarant dans une glorieuse envolée que l’Inde et
les États-Unis sont «des alliés naturels» et appelant à un partenariat
plus étroit.
Modi y est allé plein pot, se référant même à l’influence de Gandhi
sur la stratégie de désobéissance civile non violente du révérend Martin
Luther King – quelque chose qui ne pouvait que lui gagner une ovation
debout sur la colline du Capitole.
Le partenariat «plus proche» porte sur des questions militaires et
nucléaires. Comme Modi l’a rappelé au Congrès – qui avait besoin d’une
piqûre de rappel – le montant des armes vendues par le complexe
militaro-industriel US à l’Inde est «passé de presque zéro à
$10 milliards en moins d’une décennie».
Ensuite, il y a l’accord de coopération nucléaire entre les
États-Unis et l’Inde, qui ouvre une fenêtre aux sociétés américaines
pour construire et fournir les réacteurs nucléaires indiens. Et
finalement, Washington est disposé à partager «certaines» – le concept
opératoire est le mot «certaines» – technologies militaires avec Delhi.
Géopolitiquement, tout cela se rapporte à ce qui est arrivé récemment
dans la mer des Philippines, lorsque les États-Unis, le Japon et l’Inde
ont effectué des manœuvres militaires de guerre anti sous-marines et de
défense aérienne, la preuve d’une mise en pratique du «pivot vers
l’Asie», comme dans le re-peaufinage de l’ordre naval sécuritaire
en Asie pour contrer – qui d’autre ? – la Chine.
Modi et le yoga géopolitique
Pourtant, les choses ne sont pas aussi manichéennes – du point de vue
indien. Ce n’est pas un secret que des secteurs clés de la diaspora
indienne aux États-Unis sont tout à fait intégrés au consensus de Washington et aux mécanismes d’hégémonie des suspects habituels tels que le Conseil des relations étrangères et la Rand Corporation. Mais le jeu de Modi est beaucoup plus sophistiqué.
La priorité de Modi est d’installer l’Inde en tant que puissance
sud-asiatique principale. Donc il ne peut pas se permettre de contrarier
Washington. Au contraire, il embarque les États-Unis à bord dans sa
très ambitieuse stratégie Make in India : «Une
initiative nationale d’envergure visant à faciliter l’investissement,
favoriser l’innovation, améliorer le développement des compétences,
protéger la propriété intellectuelle et construire les
meilleures infrastructure manufacturières du moment».
Naturellement, les sociétés américaines – lourdes supportrices
du Traité Trans-Pacifique, le TPP – salivent devant les perspectives
lucratives. Le chemin est similaire à celui suivi par la Chine
depuis des décennies, mais maintenant avec l’accent sur la «protection
de la propriété intellectuelle» pour attirer la foule des obsédés du
TPP.
Un autre objectif géopolitique de Modi est de présenter avec force
l’Inde – et non le Pakistan – à Washington comme le partenaire idéal,
fiable et rationnel, en Asie du Sud. C’est risqué, parce que, pour le
Pentagone, les multiples déclinaisons de la guerre contre la terreur en
AfPak sont, de facto, configurées comme quelque chose
d’éternel ressemblant à l’opération Enduring Freedom.
Et puis il y a encore une fois l’angle militaire : l’Inde, en
diversifiant ses fournisseurs d’armes – la plupart du temps, elle achète
à la Russie – vers les États-Unis, mais pas beaucoup, rétablit un juste
équilibre.
C’est un équilibre entre les États-Unis et le BRICS, ce dernier en
lui-même est la noix la plus difficile à casser. Comme Pékin l’admet en
termes non équivoques, «La coopération du BRICS fait face à un risque de
régression, plutôt que de progression, en raison de nouvelles
circonstances complexes.»
C’est un euphémisme diplomatique d’anthologie. Ceci durera tant que
Washington voudra par tous les moyens contenir la Chine derrière la
première chaîne des îles de la mer de Chine du Sud alors qu’il n’y a pas
grand chose que Delhi puisse faire pour empêcher le Myanmar d’ouvrir à
Pékin un accès total à l’océan Indien via le Pipelineistan, les ports et
les trains à grande vitesse.
Au prochain sommet du BRICS à Goa, le mois prochain, certaines de ces
subtilités géopolitiques seront discutées tranquillement derrière des
portes closes. Le BRICS peut être en désarroi, avec le Brésil
en changement de régime, la Russie sous les sanctions et l’Inde flirtant
avec les États-Unis. Mais le BRICS reste engagé dans des
développements institutionnels sérieux, tels que la Nouvelle banque
de développement (NDB), la poussée pour commercer dans leurs propres
devises et plusieurs volets politico-économiques axés vers un monde
multipolaire.
Ce mouvement en cours est illustré par une affaire importante – non
diffusée –, l’intégration eurasienne par la symbiose entre l’Inde et
l’Iran. Delhi compte sur Téhéran pour renforcer son jeu dans une
économie propulsée par le gaz naturel, et pour profiter, à long terme,
de la parfaite porte d’embarquement persane vers les marchés d’Asie
centrale.
La plaque tournante est bien sûr le port de Chabahar. Le point culminant d’une visite de Modi à Téhéran, il y a quatre mois, a été le contrat signé
entre l’Indien Ports Global Private Limited et l’Iranien Arya Banader.
Il s’agit du «développement et de l’exploitation pendant dix ans de deux
terminaux et cinq postes d’amarrage pour la manutention du fret».
Il y a beaucoup plus : le développement de zones économiques
spéciales (ZES) et des liaisons route-rail essentielles de l’Iran vers
l’Afghanistan et l’Asie centrale. L’Inde aura alors un accès direct à
l’Afghanistan, en contournant le Pakistan. Cela ne choque pas car Delhi
et Kaboul sont déjà des partenaires stratégiques.
Chabahar est à seulement 500 km à l’est du détroit ultra-stratégique d’Ormuz.
Dans un proche avenir, nous pourrions aussi bien voir une
configuration dans laquelle la marine indienne aura le droit d’utiliser
Chabahar tandis que la marine chinoise pourra mouiller à Gwadar, au
Pakistan, à seulement 150 km par la mer à l’est de Chabahar. Toutes
choses que les dialogues du BRICS – ou de l’Organisation de coopération
de Shanghai (SCO) – peuvent garder sur un rythme de navigation en
douceur.
Pour l’Iran, c’est un jeu certifié gagnant-gagnant. Non seulement
l’Iran sera connecté à l’une des Routes de la soie – One Road (OBOR) –
mais il consolidera aussi un autre corridor de transport en
Eurasie, International North-South Transportation Corridor (INSTC) entre
l’océan Indien et l’Asie centrale. Les membres principaux de ce
corridor sont l’Iran, l’Inde et la Russie… Remarquez, encore une fois,
l’interpénétration des BRICS et de l’OCS.
Le Grand Schéma dans la planification à long terme de Modi ne
montre pas Delhi soumis au rôle de vassal flagrant de Washington. L’Inde
a besoin de stabilité garantie avec tous les acteurs importants – des
États-Unis à la Chine, étant donné que le plan directeur est d’amener
1,3 milliards d’Indiens près du niveau de vie de la classe moyenne
chinoise.
La Chine a pris la tête. L’Inde a jusqu’à 2050 pour la rattraper.
Pendant ce temps, il n’est pas dans l’intérêt de l’Inde de rejoindre
activement la politique de confinement ou d’encerclement de la Chine par
les États-Unis, que ce soit «pivot» ou «rééquilibrage». Il est plus
probable que l’Inde, à la façon de Gandhi, pratiquera l’art de la
non-violence, la neutralité énergique.
Traduit et édité par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone
Comment gérer des millions de publications quotidiennes sur les
réseaux sociaux ? Si Facebook et consorts font appel à des armées de
modérateurs, ils automatisent aussi de plus en plus le processus grâce à
des algorithmes.
« Sujets dont la suppression doit être confirmée : (…) présence de
parties intimes, incluant les tétons féminins et les raies des fesses.
Les tétons masculins sont OK. (…) Les têtes ou membres écrasés sont OK,
seulement si l’on n’en voit pas l’intérieur » Inscrites dans un manuel dévoilé en
2012 par le site Gawker, ces consignes de Facebook présentaient ce que
le réseau social souhaitait montrer ou cacher à ses utilisateurs à
l'époque – elles ont pu évoluer depuis. Un livret à destination des
quelques milliers de modérateurs qui, à travers le monde (et via des
entreprises sous-traitantes), s’occupent de nettoyer la plateforme de
tout contenu subversif signalé par les internautes. Et qui sont les
témoins quotidiens de la diversité infinie de la débauche humaine
déversée sur Facebook, au point que leur travail affecte bien souvent
leur santé mentale, comme le montrait Wired dans une enquête datant de 2014.
Mais ce n'est pas pour le bien-être de ces employés, mais bien pour
en améliorer l'efficacité que les compagnies de la Silicon Valley
cherchent en parallèle à automatiser cette chasse aux contenus
indésirables. Et font appel à des outils tels que ceux développés
par Hany Farid. Soutenu par Microsoft, ce professeur à l’université de
Dartmouth aux États-Unis a mis au point PhotoDNA en 2008.
Petit tutorial de ce logiciel, en anglais, qui explique que chaque
photo a son propre ADN, ou signature digitale, et cet ADN permet de
retrouver la même famille de photos et la photo originelle parmi les
milliards existantes (E&R):
À l’aide d’une base de données de fichiers censurés, cet algorithme
identifie (et supprime) les images pédo-pornographiques parmi toutes les
publications en ligne. Facebook, Google, Microsoft, de nombreuses
applications et des plateformes de stockage cloud l'utilisent déjà.
« eGlyph », chasseur de pédophiles et de terroristes
Aujourd’hui, Hany Farid oriente ses recherches vers les publications terroristes.
Il est à présent conseiller principal de l’organisation Counter
Extremism Project – qui se revendique non-partisane bien que fondée par
un proche de G. W. Bush. « Les extrémistes utilisent les plateformes en
ligne comme des armes qui servent à radicaliser, recruter et inciter à
la violence. C’est une excellente opportunité pour les entreprises de
restreindre l’utilisation des réseaux sociaux à des fins funestes »,
explique-t-il à Télérama.
Dans ce but, il a développé l’algorithme eGlyph « qui permet de
traiter les vidéos et les fichiers sonores aussi bien que les
images ». « L’algorithme scanne des milliards de données publiées sur
Internet et les réseaux sociaux chaque jour. Lorsqu’il détermine qu’un
contenu correspond à une “empreinte” déjà présente dans la base de
données des fichiers censurés, il l’étiquette comme “contenu à
supprimer”.
Des fils d’actualité aseptisés ?
Mais si la suppression des contenus pédopornographiques fait
consensus, celle des contenus extrémistes peut poser problème. Car
qu'arrive-t-il si un média ne peut plus montrer et analyser une vidéo de
propagande de l’État islamique ? Le contrôle d’un humain n’est-il pas
nécessaire pour juger de la pertinence réelle d’une
publication ? « C’est une décision politique, répond le chercheur
américain. Les entreprises devront décider de l’usage qu’elles vont en
faire. Ce sont des décisions difficiles qui sont actuellement en train
d’être prises. Notre technologie permet juste aux entreprises de trouver
le matériel nécessaire au renforcement de leursconditions de service ». Au risque de proposer, à long terme, des fils d’actualité complètement aseptisés.
Peu disert sur la possibilité que les logiciels soient faillibles et
puissent atteindre à la liberté d'expression, d'information ou
artistique, Hany Farid préfère insister sur le fait que ce sont toujours
les humains qui « gardent le contrôle sur ce qui contrevient ou non :
la technologie ne fait qu'appliquer ce qu'on lui demande ». D'ailleurs,
les algorithmes ne sont pas forcément les seuls responsables des
censures absurdes : dans le cas de la célèbre photo de Nick Ut – celle
de la petite vietnamienne nue touchée par le napalm – publiée sur
Facebook par un journal norvégien début
septembre, « le retrait de cette photo a été entièrement décidée par un
modérateur humain », soutient Hany Farid. S’il affirme qu’il « continue
à avoir des conversations productives » depuis juin 2016 avec
les responsables de Facebook, la firme de Mark Zuckerberg n’a pour le
moment « pris aucune décision concernant l’usage d’eGlyph ».
De temps en temps, pour faire un peu de « propreté morale » à but
politico-médiatique, l’Occident sort quelques squelettes du placard.
Une commission du parlement britannique a critiqué David Cameron pour
l’intervention militaire en Libye quand il était premier ministre en
2011 : elle ne l’a cependant pas critiqué pour la guerre d’agression qui
a démoli un état souverain, mais parce que cette guerre a été lancée
sans une « intelligence » adéquate ni un plan pour la « reconstruction
».
C’est la même chose qu’a fait Obama quand, en avril dernier, il a
déclaré avoir commis sur la Libye la « pire erreur », non pas pour
l’avoir démolie avec les forces Otan sous commandement étasunien, mais
pour n’avoir pas planifié « the day after ». Au même moment Obama a
réaffirmé son appui à Hillary Clinton, aujourd’hui candidate à la
présidence : celle-là même qui, en habit de secrétaire d’Etat, persuada
Obama d’autoriser une opération secrète en Libye (y compris l’envoi de
forces spéciales et l’armement de groupes terroristes) en préparation de
l’attaque aéronavale USA/Otan.
Les mails de la Clinton, ensuite mis en lumière, prouvent quel était
le véritable objectif de la guerre : bloquer le plan de Kadhafi
d’utiliser les fonds souverains libyens pour créer des organismes
financiers autonomes de l’Union Africaine et une monnaie africaine
alternative au dollar et au franc Cfa.
Immédiatement après avoir démoli l’état libyen, les USA et l’Otan,
avec les monarchies du Golfe, ont commencé l’opération secrète pour
démolir l’état syrien, en infiltrant à l’intérieur de celui-ci des
forces spéciales et des groupes terroristes qui ont donné naissance à
l’EI.
Un mail de Clinton, un des nombreux que le Département d’Etat a dû
déclassifier après les clameurs suscitées par les révélations de
Wikileaks, démontre quel est un des objectifs fondamentaux de
l’opération encore en cours. Dans l’e-mail, déclassifié comme « case
number F-2014-20439, Doc No. C05794498», la secrétaire d’Etat Hillary
Clinton écrit le 31 décembre 2012 : « C’est la relation stratégique
entre l’Iran et le régime de Bashar Assad qui permet à l’Iran de miner
la sécurité d’Israël, non pas à travers une attaque directe mais à
travers ses alliés au Liban, comme le Hezbollah ». Elle souligne alors
que « la meilleure façon d’aider Israël est d’aider la rébellion en
Syrie qui dure désormais depuis plus d’un an », c’est-à-dire depuis
2011, en soutenant que pour faire plier Bashar al Assad, il faut «
l’usage de la force » afin de « mettre en péril sa vie et celle de sa
famille ». Clinton conclut : « Le renversement d’Assad constituerait non
seulement un immense bénéfice pour la sécurité d’Israël, mais ferait
aussi diminuer la crainte israélienne compréhensible de perdre le
monopole nucléaire». L’alors secrétaire d’Etat admet donc ce qui est
officiellement tu : le fait qu’Israël est l’unique pays au Moyen-Orient
qui possède des armes nucléaires.
Le soutien de l’administration Obama à Israël, au-delà de quelques
dissensions plus formelles que substantielles, est confirmé par
l’accord, signé le 14 septembre à Washington, par lequel les Etats-Unis
s’engagent à fournir à Israël les armements les plus modernes pour une
valeur de 38 milliards de dollars en dix ans, par un financement annuel
de 3,3 milliards de dollars plus un demi million pour la « défense de
missiles ».
En attendant, après que l’intervention russe a bloqué le plan de
démolir la Syrie de l’intérieur avec la guerre, les USA obtiennent une «
trêve » (immédiatement violée par eux), lançant en même temps une
nouvelle offensive en Libye, camouflée en opération humanitaire à
laquelle l’Italie participe avec ses « paras-médecins ».
Tandis qu’Israël, dans l’ombre, renforce son monopole nucléaire si
cher à la Clinton. Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
(Mondialisation)
Les exercices Joint Sea-2016 ont commencé ce lundi. Il s’agit du
cinquième exercice naval annuel sino-russe, mettant en vedette les
piliers des deux marines en action dans les eaux à l’est de Zhanjiang,
dans la province de Guangdong, le QG de la Flotte Nanhai de l’Armée de
libération du peuple (PLA).
Considérant que c’est la première fois que l’exercice conjoint se
passe en mer de Chine du Sud, les alarmes apocalyptiques des suspects
habituels ne pouvaient être plus prévisibles – et complètement rejetées
par les dirigeants de Pékin.
L’exercice Joint Sea-2016 intervient juste après une poignée de main
tout à fait significative qui a eu lieu la semaine dernière au Laos. Les
mains en question ne sont rien moins que celles du premier ministre
chinois, Li Keqiang, et du président philippin Rodrigo Duterte, alias
The Punisher, vêtu pour l’occasion en complet-costume et cravate tie
regalia.
Il y avait de bonnes raisons pour une telle camaraderie. Après tout
la Chine et l’ASEAN ont convenu que le cadre d’un code de conduite
juridiquement contraignant en mer de Chine du Sud sera en vigueur avant
la fin de l’année. Singapour a fait pression vigoureusement pour ce
développement majeur. Pékin considère Singapour comme «un partenaire clé
pour la coopération dans la région», selon les termes employés par Lia à
Xinhua. Le propre secrétaire de presse de The Punisher, Martin Andanar,
a résolu la quadrature du cercle : «Notre président [philippin] a
également exprimé son approbation de disposer d’un cadre pour un code de
conduite.» Le lieu – au Laos – ne pouvait pas être plus stratégiquement
approprié pour la Chine. Depuis trois ans maintenant, la Chine est le
plus grand investisseur au Laos – principalement dans l’énergie et
l’exploitation minière, y compris la construction du Nam Ngiep 1, un
projet hydroélectrique de $868 millions. Les autres principaux projets
prévus comprennent la zone économique spéciale (ZES) Luang Zone Marsh
près de Vientiane pour $1.6 milliard, et – quoi d’autre – un chemin de
fer de 472 km entre Kunming dans la province du Yunnan et Vientiane,
avec une extension vers la Thaïlande, qui sera achevée en 2021. Ce sera
la branche sud-est asiatique des Nouvelles routes de la soie.
Bombarder le Laos avec la rhétorique
Le Laos a été le cadre de la première rencontre face à face entre un
haut dirigeant chinois, le Premier ministre Li Keqiang et les dix chefs
d’État de l’ASEAN, juste avant le sommet de l’Asie de l’Est ? la réunion
annuelle de l’ASEAN plus la Chine, la Corée du Sud , le Japon, l’Inde,
l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et la Russie.
Lors du sommet de l’Asie de l’Est, le président américain Barack
Obama, pour sa dernière visite – tout à fait mélancolique – en Asie, à
l’endroit où son administration était supposée pivoter, a déclaré que la
décision de La Haye au sujet des revendications territoriales de la
Chine en mer de Chine méridionale était exécutoire. C’était non
seulement faux – mais énoncé par un prix Nobel de la Paix, avec sa liste
[hebdomadaire le mardi matin, NdT] de permis de tuer, en visite au Laos
des décennies après que la nation a été réduite en cendres par les
bombardements de la «nation indispensable», qui dit maintenant avec un
visage impassible que tout va bien se passer. Les Asiatiques, pour le
moins, n’étaient pas impressionnés.
La raison de la visite d’Obama était effectivement, une fois de plus,
de vendre le pivot vers l’Asie, en tandem avec son bras commercial de
l’OTAN, le Traité de partenariat trans-pacifique (TPP).
Obama a insisté : «Le TPP est un pilier central du rééquilibrage de
l’Amérique et de l’Asie-Pacifique. Le commerce et la croissance qu’il
soutient, renforceront les alliances de sécurité entre l’Amérique et ses
partenaires régionaux, ajoutant, ne pas aller de l’avant avec le TPP
n’aura pas seulement des conséquences économiques, mais remettra en
question le leadership de l’Amérique dans cette région vitale» .
Pékin pour sa part privilégie la diplomatie à la rhétorique vide
lorsqu’il traite avec une ASEAN en mutation, traversée par une diversité
absolue de ses dix pays membres. L’Indonésie et la Thaïlande, par
exemple, s’employaient à construire des ponts diplomatiques, mais
maintenant Jakarta s’est concentré sur ses affaires intérieures et les
politiques de Bangkok sont en transition.
La Maison Blanche comptait sur Manille pour appuyer sa stratégie de
confrontation [avec la Chine] car Manille est censé être un rouage
essentiel dans la machinerie du pivot vers l’Asie. Pourtant, même quand
il en parle au Premier ministre japonais Shinzo Abe, Duterte – le
président philippin – souligne que les problèmes de la mer de Chine du
Sud doivent être résolus par des moyens pacifiques, et Manille
maintiendra le dialogue avec Pékin.
Et puis, pour «célébrer» cette rencontre pan-Asiatique – et en même
temps le 68e anniversaire de la fondation de la République populaire
démocratique de Corée (RPDC) – Pyongyang a infligé une dose de réalisme à
tout le monde en procédant à son cinquième essai nucléaire.
Quittez le TPP, prenez le TGV
La Chine, quant à elle, continue d’accumuler des «faits sur la mer» –
avec beaucoup d’actions, sous la forme de patrouilles en mer, en
provenance de Sansha, une ville-préfecture mise en place en 2012 pour
administrer les îles Spratleys, Paracel Islands et Macclesfield Bank –
que les Chinois appellent îles Zongsha.
Ces «faits sur la mer» sont irréversibles, la préfecture de Sansha a
fait en sorte que les îles, atolls, récifs, rochers, bancs – quelle que
soit la terminologie – tout ce qui se trouve en mer de Chine du Sud soit
considéré comme une question de sécurité nationale, politique et
stratégique, pour Pékin.
Dans la mesure où la dynamique de l’ASEAN est concernée, la Thaïlande
peut conserver le statut de pivot stratégique pour les intérêts
américains. Mais maintenant, Washington doit tenir compte de l’équation
politique délicate – et extrêmement complexe – qui se profile au sujet
de la succession royale, avec la puissance d’une armée thaïlandaise
renforcée par une nouvelle dynamique d’élargissement de son commerce et
de ses relations politiques avec la Russie et la Chine.
Pourtant, le seul discours émanant de Washington se résume à
l’obsession du Pentagone pour une confrontation en mer de Chine
méridionale et l’obsession de la Maison Blanche avec son TPP, le bras
commercial du pivot.
Kishore Mahbubani, doyen de Lee Kuan Yew, l’École de politique
publique à l’Université nationale de Singapour, a été assez intelligent
pour proposer un moyen de s’en sortir : et si Washington acceptait une
contribution chinoise en termes de technologie ferroviaire à grande
vitesse – comme un moyen de relancer l’économie américaine du Pacifique à
l’Atlantique ? Ce partenariat sino-américain dans les infrastructures
serait, selon Mahbubani, un «accord au paradis». L’American Society of
Civil Engineers a estimé un besoin de financement de l’investissement à
hauteur de $1.440 milliards aux États-Unis entre 2016 et 2025 –
provoquant une énorme traînée sur les entreprises, les exportations et
les revenus. La Chine aurait la capacité financière et institutionnelle
pour construire cette infrastructure indispensable. Le TPP est une
impasse. Peut-être Mahbubani devrait-il envoyer sa proposition à Donald
Trump ?
Traduit et édité par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone
L’année dernière, les plus grandes sociétés du monde ont augmenté
leur richesse par rapport aux États mondiaux, ce qui illustre la montée
en puissance des entreprises multinationales.
L'organisme de bienfaisance Global Justice Now, qui lutte contre la
pauvreté mondiale, affirme que les entreprises multinationales
multiplient de plus en plus leurs revenues alors que les économies
émergentes luttent pour survivre.
Une étude réalisée par l'organisme de bienfaisance a révélé que le
nombre d'entreprises dans le top 100 des entités économiques a augmenté
en 2015, passant à 69 contre 63 en 2014.
Alors que de nombreuses économies de marché émergentes ont eu du mal à
se développer ces deux dernières années, principalement en raison du
ralentissement de la Chine, la majorité des multinationales ont augmenté
leurs profits.
L'organisme londonien a déclaré que les dix les plus grandes sociétés
du monde, y compris Walmart, Apple et Shell, faisaient plus d'argent
que la plupart des pays du monde combinés.
Global Justice Now accuse d'ailleurs les gouvernements d’avoir cédé
aux pressions des entreprises multinationales pour promouvoir un régime
fiscal favorable aux entreprises et qui néglige les besoins des citoyens
ordinaires.
La valeur des dix sociétés les plus grandes a été enregistré au
niveau de 285 billions de dollars milles milliards dollars (254 billions
d'euros), en battant le chiffre de 280 billions de dollars (249
billions d'euros) qui représente la richesse totale de 180 pays du
monde.
"La richesse colossale et la puissance des entreprises est au cœur
d'un grand nombre de problèmes mondiaux, comme l'inégalité et les
changements climatiques", a déclaré Nick Dearden, directeur de
l'organisme londonien.
"La course aux profits à court terme semble éclipser les droits
fondamentaux de millions de gens sur la planète. Ces chiffres montrent
que le problème ne fait que s’aggraver chaque jour », a-t-il ajouté.
Photo: Source TwitterEva Ottawa était jusqu’à tout récemment membre de la Commission des droits de la personne.
L’ex-grand chef de la nation Atikamekw, Eva Ottawa, a été nommée à la tête du Conseil du statut de la femme.
Le gouvernement Couillard a annoncé par voie de communiqué, jeudi
après-midi, le nom de la successeure de Julie Miville-Dechêne, devenue
représentante du Québec au sein de la Délégation permanente du Canada
auprès de l’UNESCO au mois de mars dernier.
La nomination a été approuvée par le conseil des ministres qui était réuni à Gatineau.
Eva Ottawa était jusqu’à tout récemment membre de la Commission des droits de la personne.
Détentrice de diplômes en sociologie et en droit, Mme Ottawa s’est
impliquée pendant de nombreuses années dans sa communauté. Elle a occupé
divers postes au sein du Conseil de la Nation Atikamekw et de la
Commission Atikamekw, avant d’être membre de l’équipe de négociation de
la nation autochtone.
En 2006, elle a été élue grand chef de la nation Atikamekw — la première
femme à assumer cette fonction. Elle a été réélue en 2010, mais elle
avait démissionné avant la fin de son mandat, en 2013.
Elle est ensuite devenue consultante pour les services éducatifs du
Conseil des Atikamekw jusqu’en 2015, lorsqu’elle a été nommée à la
Commission des droits de la personne.
3 septembre 2016|
Louise Mailloux - Auteure et militante laïque|Actualités en société
Photo: Ariel Schalit Associated PressIl faudrait interdire le burkini au
Québec, mais aussi avoir le courage de légiférer sur le port de signes
religieux à l’école et dans les garderies.
Vous souvenez-vous du sketch dans le film de Woody Allen Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander,
dans lequel Allen lui-même, fourré dans un burkini tout blanc,
incarnait un spermatozoïde ? C’était en 1972, l’époque d’après Mai 68,
celle de la révolution sexuelle où l’on se libérait des tabous et du
carcan moral de la religion catholique par rapport au sexe. L’époque où
l’on enseignait Wilhelm Reich, Freud avec son Malaise dans la culture et Marcuse avec son fabuleux Éros et civilisation. C’était aussi l’époque de la révolution féministe avec La femme eunuque de Germaine Greer, La politique du mâle de Kate Millett et le percutant Ainsi soit-elle de Benoîte Groulx.
Au Québec, les années 1970 furent celles du premier écrit féministe avec l’audacieux L’Euguélionne
de Louky Bersianik, livre-culte qui connut un succès immédiat auprès
des femmes. Ce fut aussi, en 1978, la présentation au TNM de la très
irrévérencieuse pièce Les fées ont soif de Denise Boucher, qui
avait provoqué la colère des catholiques, ceux-ci ayant même demandé une
injonction pour la faire interdire. Des manifestations eurent lieu et
des appuis de partout se firent entendre pour dénoncer la censure des
catholiques.
Dans les années 1970, ça discutait fort et on avait l’impression que
le Québec prenait enfin le virage féministe et que tous les espoirs
étaient permis. Les femmes prenaient conscience de leur aliénation,
conscience de l’existence du patriarcat à qui la morale catholique
servait d’idéologie. Elles luttèrent alors pour l’obtention de droits
reproductifs parce qu’elles ne voulaient plus laisser l’époux, le curé
ou le médecin définir leur vie et contrôler leur propre corps. Dites,
vous souvenez-vous de cela ?
Mais à quoi auront servi tous ces efforts si c’est aujourd’hui pour
se prosterner devant le burkini de ces femmes déguisées en spermatozoïde
et qui, dans les années 1970, auraient passé pour des saintes
nitouches ? Sommes-nous tombés sur la tête ? Est-ce cela, l’émancipation
des femmes ? Que sert d’avoir la liberté d’aller à la plage seulement
si nous cachons tout notre corps ? Sommes-nous assez naïves pour penser
que celles qui « choisissent » le burkini auraient pu tout aussi bien
choisir le bikini ? Et comment se fait-il qu’aucun homme ne fasse jamais
ce choix ? Ils sont libres, eux aussi, non ?
Même morale étriquée
Le burkini participe de la même idéologie, de la même morale étriquée
que celle du hidjab. Une morale patriarcale et sexiste qui définit les
femmes comme des objets sexuels appartenant aux hommes. Faut-il rappeler
que le Coran interdit aux femmes musulmanes d’épouser un non-musulman,
sauf si l’époux se convertit à l’islam ?
Le burkini tout comme le hidjab ont la même fonction sociale :
soustraire les femmes musulmanes aux regards des hommes qu’elles
pourraient épouser, minimisant ainsi les occasions de séduction. C’est
la raison pour laquelle les femmes voilées ne se dévoilent qu’en
présence des hommes de leur famille et cachent leurs cheveux, leur cou,
leurs oreilles, leurs bras et leurs jambes aussitôt qu’elles se
retrouvent dans l’espace public. Le burkini n’est que la version
aquatique du hidjab, symbolisant l’un comme l’autre l’absence de liberté
sexuelle des femmes musulmanes de même que l’instrumentalisation de
leur corps au profit de la communauté. Cela rappelle l’époux, le curé et
le médecin, vous ne trouvez pas ?
Le burkini comme indice de pénétration de l’islamisme
L’immense controverse qui fait rage en France à propos du burkini est
révélatrice du succès des islamistes à imposer leur idéologie
patriarcale et à contrôler le corps des femmes musulmanes jusque sur les
plages. La stratégie des islamistes est fort simple. Dans un premier
temps, faire accepter le burkini sur les plages en nous le présentant
comme un maillot de bain qui va permettre aux femmes burkinisées
de profiter de la plage comme tout le monde. Bref, nous culpabiliser de
vouloir interdire cet accoutrement sexiste et faire pleurer dans les
chaumières.
Si nous ne résistons pas fermement à ce chantage émotif, cela aura
pour effet d’augmenter la pression sur les femmes musulmanes qui
refusent de porter le burkini, les incitant à rester chez elles plutôt
que de s’exposer au harcèlement des burkinisées. Une fois les
femmes musulmanes mises au pas, les islamistes s’attaqueront aux femmes
non musulmanes, avec cette fois-ci la rhétorique de la femme qui, en
choisissant le burkini, refuse d’être un objet sexuel. Et au nom de
l’émancipation des femmes, les plages deviendront bondées de saintes
nitouches. Ainsi soient-elles…
La morale islamiste a pénétré depuis plusieurs années nos écoles
publiques, là où sont socialisés la plupart des jeunes Québécois. Elle
s’affiche dans le hidjab des fillettes et des jeunes filles, dans celui
des enseignantes et dans celui des éducatrices en garderie.
À la suite des recommandations faites par le Conseil du statut de la
femme en 1978, le gouvernement modifia sa politique en matière d’édition
de manuels scolaires afin d’en retirer toute référence à des
stéréotypes sexistes dans le but exprès de promouvoir l’égalité des
sexes. Alors qu’aujourd’hui nous exposons les jeunes au sexisme
outrageant du hidjab des enseignantes et des éducatrices voilées au nom
de l’ouverture à la différence. Le sexisme n’est devenu qu’une simple
différence. Voilà où nous en sommes après quarante ans de luttes
féministes.
Interdire le burkini au Québec ?
Oui, il faudrait interdire le burkini au Québec, mais avant de penser
à légiférer sur les plages, il faudrait avoir le courage de légiférer
sur le port de signes religieux à l’école et dans les garderies. Car si
tout le monde ne va pas à la plage, tous en revanche doivent fréquenter
l’école, qui est une institution publique.
J’ai souvenir d’un gouvernement qui, il y a à peine trois ans, a
voulu, au nom de la laïcité, légiférer sur le port de signes religieux
dans les institutions publiques. Les appuis furent nombreux dans la
population et les attaques des multiculturalistes, des islamistes et des
groupes religieux furent virulentes. Nous savons comment tout cela
s’est terminé.
Les péquistes se sont retrouvés dans le confessionnal des curés du
multiculturalisme, à se repentir d’avoir été trop loin. Tellement
qu’aujourd’hui, bon nombre de politiciens, péquistes comme caquistes, se
cramponnent au rapport Bouchard-Taylor, devenu soudainement La Mecque
de la laïcité, le meilleur rempart contre les accusations de racisme et
d’islamophobie.
Mais savez-vous que ce rapport autorise le port de signes religieux
chez les enseignantes et les éducatrices en garderie ? À trop vouloir ne
pas faire de vagues, on risque bien de se noyer. L’été tire à sa fin et
bientôt les plages seront désertes. Il serait peut-être temps
d’envisager le retour en classe…
Les médias occidentaux poussent à la guerre nucléaire
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Auteur : Le Grand Soir | Editeur : Frisca Widodo | Vendredi, 02 Sept. 2016 - 00h04
La disculpation d’un homme accusé du pire des crimes, le génocide,
n’a pas fait les manchettes. Ni la BBC ni CNN n’en ont parlé. The
Guardian s’est permis un bref commentaire. Un tel aveu officiel et rare
fut, sans surprise, enterré ou occulté. Cela révélerait trop de choses
sur les dirigeants du monde.
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a
discrètement blanchi le feu président serbe, Slobodan Milosevic, de
crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie de 1992 à 1995, y
compris du massacre de Srebrenica.
Loin d’avoir conspiré avec le leader des Serbes de Bosnie Radovan
Karadzic, qui a été condamné, Milosevic avait en réalité « condamné le
nettoyage ethnique », s’était opposé à Karadzic et a tenté d’arrêter la
guerre qui a démembré la Yougoslavie. Enterré vers la fin d’un arrêt de
2,590 pages sur Karadzic, publié au mois de Février dernier, cette
vérité démolit un peu plus la propagande qui justifia l’assaut illégal
de l’OTAN sur la Serbie en 1999.
Milosevic est mort d’une crise cardiaque en 2006, seul dans sa
cellule à La Haye, au cours de ce qui équivaut à un procès bidon par un
« tribunal international » inventé par les Etats-Unis. Une intervention
chirurgicale, qui aurait pu lui sauver la vie, lui fut refusé et son
état s’est empiré et il fut surveillée et maintenu au secret par les
autorités US, comme WikiLeaks l’a révélé depuis.
Milosevic a été victime de la propagande de guerre qui aujourd’hui
coule à flots sur nos écrans et journaux et signale un grand danger pour
nous tous. Il était l’archétype du démon, vilipendé par les médias
occidentaux comme le « boucher des Balkans » qui était responsable de
« génocide », en particulier dans la province yougoslave sécessionniste
du Kosovo. Le Premier ministre Tony Blair l’a dit, a invoqué
l’Holocauste et a demandé des mesures contre « ce nouveau Hitler ».
David Scheffer, l’ambassadeur itinérant des crimes de guerre [sic], a
déclaré que jusqu’à « 225.000 hommes albanais ethniques âgés de 14 à 59
ans » ont pu être assassinés par les forces de Milocevic.
Ce fut la justification des bombardements de l’OTAN, dirigés par Bill
Clinton et Blair, qui tuèrent des centaines de civils dans des
hôpitaux, des écoles, des églises, des parcs et des studios de
télévision et détruisirent l’infrastructure économique de la Serbie. Ce
fut un geste manifestement idéologique ; à une fameuse « conférence de
paix » à Rambouillet, en France, Milosevic a été confronté par Madeleine
Albright, la secrétaire d’Etat US, qui allait entrer dans les annales
de l’infamie avec sa remarque sur la mort d’un demi-million d’enfants
irakiens qui « en valait la peine ».
Albright a communiqué une « offre » à Milosevic qu’aucun leader
national ne pouvait accepter. À moins de convenir d’une occupation
militaire étrangère de son pays, avec des forces d’occupation « en
dehors d’un processus juridique », et de l’imposition d’un « marché
libre » néo-libéral, la Serbie serait bombardée. C’était contenu dans
une « Annexe B », que les médias n’ont pas lue ou ont censurée.
L’objectif était d’écraser le dernier Etat « socialiste » indépendant de
l’Europe.
Une fois que l’OTAN a commencé à bombarder, il y eut une ruée de
réfugiés kosovars « fuyant un holocauste ». Quand tout fut terminé, les
équipes internationales de police se sont rendues au Kosovo pour exhumer
les victimes. Le FBI n’a pas réussi à trouver une seule fosse commune
et ils rentrèrent chez eux. L’équipe médico-légale espagnole a fait de
même, son chef dénonçant avec colère « une pirouette sémantique par les
machines de propagande de guerre ». Le décompte final des morts au
Kosovo est 2788. Cela inclut les combattants des deux côtés et les
Serbes et les Roms assassinés par le pro-OTAN Front de libération du
Kosovo. Il n’y a pas eu de génocide. L’attaque de l’OTAN fut à la fois
une fraude et un crime de guerre.
Tous sauf une fraction des tant vantés missiles à « précision
guidée » des Etats-Unis ont touché non pas des cibles militaires mais
des civils, y compris les studios de la Radio Télévision de Serbie à
Belgrade. Seize personnes ont été tuées, dont des cameramen, des
producteurs et une maquilleuse. Blair qualifia les morts, de manière
profane, comme « le commandement et le contrôle » de la Serbie.
En 2008, le procureur du Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, a révélé qu’elle avait subi des
pressions pour ne pas enquêter sur les crimes de l’OTAN.
Ceci devint le modèle pour les invasions futures par Washington de
l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et, de manière furtive, la Syrie. Toutes
ces invasions pouvaient êtres qualifiées de « crimes suprêmes » selon
la norme établie à Nuremberg ; toutes dépendaient de la propagande des
médias. Alors que le journalisme à sensation a joué son rôle habituel,
c’était le journalisme sérieux, crédible, souvent progressiste qui a fut
le plus efficace - la promotion évangélique de Blair et de ses guerres
par le Guardian, les mensonges incessants sur les armes de destruction
massive inexistantes de Saddam Hussein dans The Observer et leNew York
Times, et les battements de tambours ininterrompus de la propagande du
gouvernement par la BBC dans le silence de ses omissions.
Au plus fort des bombardements, Kirsty Wark de la BBC a interviewé le
général Wesley Clark, le commandant de l’OTAN. La ville serbe de Nis
venait d’être pulvérisé par des bombes à sous-munitions états-uniennes,
tuant femmes, personnes âgées et enfants dans un marché ouvert et un
hôpital. Wark n’a pas posé une seule question sur ce sujet, ni sur tous
les autres morts civils.
D’autres furent plus effrontés. En Février 2003, au lendemain de
l’écrasement de l’Irak par Blair et Bush, le rédacteur en chef politique
de la BBC, Andrew Marr, se trouvait à Downing Street [Bureaux du
Premier Ministre Britannique – NdT] et prononça ce qui équivaut à un
discours de victoire. Il déclara avec enthousiasme à ses téléspectateurs
que Blair avait « dit qu’ils seraient en mesure de prendre Bagdad sans
bain de sang, et qu’en fin de compte les Irakiens allient célébrer. Et
sur ces deux points, il a eu totalement raison ». Aujourd’hui, avec un
million de morts et une société en ruines, les interviews de Marr à la
BBC sont recommandées par l’ambassade des Etats-Unis à Londres.
Les collègues de Marr s’alignèrent pour qualifier les actions de
Blair de « justifiées ». Le correspondant à Washington de la BBC, Matt
Frei, déclara : « Il ne fait aucun doute que la volonté d’apporter le
bien, les valeurs américaines au reste du monde, et en particulier au
Moyen-Orient ... est désormais de plus en plus liée au pouvoir
militaire. »
Cette prosternation devant les États-Unis et leurs collaborateurs
comme une force bienveillante qui « apportent le bien » est profondément
ancrée dans le journalisme occidental moderne. Il veille à ce que la
catastrophe actuelle en Syrie soit exclusivement de la faute de Bachar
al-Assad, contre qui l’Occident et Israël conspirent depuis longtemps,
non pas pour des considérations humanitaires, mais pour consolider le
pouvoir agressif d’Israël dans la région. Les forces jihadistes
déchaînées et armées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France,
la Turquie et leurs mandataires de la « coalition » sont là pour ça. Ce
sont eux qui dispensent la propagande et les vidéos qui deviennent des
informations aux États-Unis et en Europe, et qui fournissent un accès
aux journalistes et garantissent une « couverture » partisane de la
Syrie.
Aux informations, on parle de la ville d’Alep. La plupart des
lecteurs et téléspectateurs ne seront pas au courant que la majorité de
la population d’Alep vit dans la partie occidentale contrôlée par le
gouvernement. Le fait qu’ils souffrent quotidiennement des bombardements
d’artillerie d’al-Qaida parrainé par l’Occident n’est pas mentionné. Le
21 Juillet, les bombardiers français et américains ont attaqué un
village du gouvernement dans la province d’Alep, tuant jusqu’à 125
civils. Cela a été rapporté en page 22 du Guardian ; il n’y a pas eu de
photos.
Après avoir créé et soutenu le djihadisme en Afghanistan dans les
années 1980 dans le cadre de l’Opération Cyclone - une arme qui visait à
détruire l’Union soviétique - les États-Unis sont en train de faire
quelque chose de similaire en Syrie. Comme les moudjahidin afghans, les
« rebelles » syriens sont les fantassins de l’Amérique et de la
Grande-Bretagne. Beaucoup combattent pour al-Qaida et ses variantes ;
certains, comme le Front Nosra, se sont rebaptisés pour se conformer aux
sensibilités américaines post-11 Septembre. La CIA les dirige, avec
difficulté, comme elle dirige des djihadistes partout dans le monde.
L’objectif immédiat est de détruire le gouvernement de Damas qui,
selon le sondage le plus crédible (YouGov Siraj), est soutenu par la
majorité des Syriens, ou tout au moins qui se retournent vers lui pour
sa protection, quelle que soit la barbarie qui peut régner en coulisses.
L’objectif à long terme est de nier à la Russie un allié clé du
Moyen-Orient dans le cadre d’une guerre d’usure de l’Otan contre la
Fédération de Russie qui finirait éventuellement par détruire cette
dernière.
Le risque nucléaire est évident, bien qu’occulté par les médias du
« monde libre ». Les éditorialistes duWashington Post, ayant promu le
mensonge sur les Armes de destruction massive en Irak, demandent à Obama
d’attaquer la Syrie. Hillary Clinton, qui se réjouissait publiquement
de son rôle de bourreau lors de la destruction de la Libye, a indiqué à
plusieurs reprises que, en tant que présidente, elle « ira plus loin »
qu’Obama.
Gareth Porter, un journaliste basé à Washington, a récemment révélé
les noms de ceux qui sont susceptibles de faire partie du cabinet
Clinton, qui planifient une attaque sur la Syrie. Tous ont des passés de
belligérants de la guerre froide ; l’ancien directeur de la CIA, Leon
Panetta, a déclaré que « le prochain président devra envisager d’envoyer
des forces spéciales supplémentaires sur le terrain ».
Le plus remarquable dans la propagande de guerre qui bat actuellement
son plein est son côté absurde et familier. J’ai visionné des films
d’archives des années 1950 à Washington, à l’époque où des diplomates,
des fonctionnaires et des journalistes étaient traqués et ruinés par la
chasse aux sorcières déclenchée par le sénateur Joe McCarthy contre ceux
qui contestaient les mensonges et la paranoïa au sujet de l’Union
Soviétique et de la Chine. Comme une tumeur renaissante, le culte
anti-Russe est de retour.
En Grande-Bretagne, Luke Harding du Guardian entraîne ses lecteurs
qui détestent la Russie dans un flot de parodies journalistiques qui
attribuent à Vladimir Poutine tous les malheurs de la terre. Lorsque la
fuite desPanama Papers fut publiée, la première page du quotidien
mentionna M. Poutine, et il y avait une image de Poutine ; peu importe
si le nom de Poutine n’était mentionné nulle part dans les documents.
Comme Milosevic, Poutine est le Diable en chef. C’est Poutine qui a
abattu un avion de ligne Malaisienne au-dessus de l’Ukraine. Le titre
auquel on a eu droit est le suivant : « En ce qui me concerne, Poutine a
tué mon fils. » Pas besoin de preuves. C’est Poutine qui est
responsable du renversement du gouvernement élu à Kiev en 2014, organisé
(et financé) par – documents à l’appui - Washington. La campagne de
terreur qui a suivi, déclenchée par les milices fascistes contre la
population russophone de l’Ukraine était le résultat de « l’agression »
de Poutine. Prévenir que la Crimée de devienne une base de missiles de
l’OTAN et protéger la population majoritairement russe qui s’était
prononcée par référendum pour son intégration à la Russie – à la suite
de quoi la Crimée fut annexée - étaient autant d’exemples de
« l’agression » de Poutine. La calomnie par les médias devient
inévitablement une guerre par les médias. Si la guerre avec la Russie
éclate, à dessein ou par accident, les journalistes en porteront une
grande part de responsabilité.
Aux Etats-Unis, la campagne anti-Russe s’assimile à la réalité
virtuelle. Paul Krugman du New York Times, un économiste lauréat du prix
Nobel, a appelé Donald Trump le « candidat Sibérien » parce que Trump
est l’homme de Poutine, dit-il. Trump a osé suggérer, dans un moment
rare de lucidité, qu’une guerre avec la Russie pourrait être une
mauvaise idée. En fait, il est allé plus loin et a retiré les livraisons
d’armes US à l’Ukraine de son programme. « Ne serait-ce pas merveilleux
si nous nous entendions avec la Russie, » a-t-il dit.
C’est pourquoi l’establishment libéral belliciste des Etats-Unis le
déteste. Son racisme, sa démagogie et ses rodomontades n’ont rien à voir
avec ça. En matière de racisme et d’extrémisme, Bill et Hillary Clinton
n’ont rien à envier à Trump. (Cette semaine marque le 20e anniversaire
de la « réforme de la protection sociale » de Clinton qui a été une
guerre contre les Afro-Américains). Quant à Obama : tandis que les armes
de la police US abattent ses frères afro-américains, le grand espoir de
la Maison Blanche n’a rien fait pour les protéger, rien fait pour
soulager leur misère, tout en menant quatre guerres rapaces et une
campagne d’assassinat sans précédent.
La CIA a demandé que Trump ne soit pas élu. Des généraux du Pentagone
ont demandé qu’il ne soit pas élu. Le pro-guerre du New York Times –
pendant les pauses de leur campagnes anti-Poutine - demandent qu’il ne
soit pas élu. Il y a quelque chose qui se mijote. Ces tribuns de la
« guerre perpétuelle » sont terrifiés que le business de plusieurs
milliards de dollars de la guerre par laquelle les Etats-Unis
maintiennent leur domination serait compromis si Trump trouvait un
accord avec Poutine, puis avec Xi Jinping de la Chine. Leur panique
devant la possibilité d’une grande puissance parlant de paix dans le
monde - ce qui est peu probable - serait une farce macabre si l’avenir
n’était pas aussi sombre.
« Trump aurait aimé Staline ! » hurla le vice-président Joe Biden
lors d’un rassemblement de soutien à Hillary Clinton. Avec Clinton
hochant la tête, il a crié : « Nous ne nous inclinons jamais. Nous ne
plions jamais. Nous ne nous agenouillons jamais. Nous ne cédons jamais.
La victoire est à nous. Voilà qui nous sommes. Nous sommes
l’Amérique ! »
En Grande-Bretagne, Jeremy Corbyn a également provoqué l’hystérie des
faiseurs de guerre du Parti travailliste et d’un média qui se consacre à
lui rentrer dedans. Lord West, ancien amiral et ministre du Travail,
l’a bien formulé. Corbyn prenait une position anti-guerre
« scandaleuse » « parce que cela lui attire le vote des masses
irréfléchies ».
Lors d’un débat avec son challenger à la direction du parti, Owen
Smith, le modérateur a demandé à Corbyn : « Comment réagiriez-vous en
cas de violation par Vladimir Poutine d’un Etat-membre de l’Otan ? »
Corbyn a répondu : « Vous voudriez d’abord éviter que cela n’arrive.
Vous établiriez un bon dialogue avec la Russie ... Nous pourrions tenter
une démilitarisation des frontières entre la Russie, l’Ukraine et les
autres pays frontaliers de la Russie en l’Europe de l’Est. Ce que nous
ne pouvons pas faire c’est de laisser une série d’accumulations de
troupes calamiteuses de chaque côté, ce qui nous conduit inéluctablement
vers un grand danger »
Pressé de dire s’il autoriserait la guerre contre la Russie « s’il le
fallait », Corbyn a répondu : « Je ne veux pas faire la guerre - ce que
je veux c’est parvenir à un monde où on n’aurait pas à faire la
guerre ».
Poser une telle série de questions doit beaucoup à la montée des
libéraux bellicistes en Grande-Bretagne. Depuis longtemps, le Parti
travailliste et les médias leur ont offert des opportunités de carrière.
Pendant un certain temps, le tsunami moral du grand crime commis contre
l’Irak a provoqué un flottement, leurs contre-vérités flagrantes sont
devenues un fardeau embarrassant mais passager. Indépendamment du
rapport Chilcot et de la montagne de faits qui l’incriminent, Blair est
toujours leur source d’inspiration, parce qu’il est un « gagnant ».
Le journalisme et enseignements dissidents ont depuis été
systématiquement bannis ou accaparés, et les idées démocratiques vidées
pour être remplacées par la « politique identitaire » qui confond genre
et féminisme, l’angoisse de la société et libération, et qui ignore
volontairement la violence d’Etat et le mercantilisme des armes qui
détruisent d’innombrables vies dans des pays lointains, comme le Yémen
et la Syrie, et qui invitent la guerre nucléaire en Europe et à travers
le monde.
La mobilisation de personnes de tous âges autour de la montée
spectaculaire de Jeremy Corbyn peut constituer une certaine résistance.
Il a passé sa vie à dénoncer les horreurs de la guerre. Le problème pour
Corbyn et ses partisans est le Parti Travailliste. Aux Etats-Unis, le
problème pour les milliers d’adeptes de Bernie Sanders est le Parti
Démocrate, sans parler de l’ultime trahison de leur grand espoir [son
ralliement en rase-campagne à H. Clinton - NdT].
Aux Etats-Unis, pays des grands mouvements pour les droits civiques
et contre la guerre, ce sont les mouvements comme Black Lives Matter et
CODEPINK qui constituent les graines d’une version moderne.
Seul un mouvement qui grossirait à chaque coin de rue, qui
déborderait des frontières et qui n’abandonnerait pas pourrait arrêter
les fauteurs de guerre. L’année prochaine, cela fera un siècle que
Wilfred Owen a écrit ce qui suit. Chaque journaliste devrait le lire et
le retenir.
Si vous entendiez, à chaque cahot, le sang
Qui gargouille et s’écoule de ces poumons empoisonnés,
Cancer obscène, tel le reflux amer de plaies
Infectes et incurables sur des langues innocentes,
Mon ami, vous mettriez moins de zèle à répéter
À des enfants en mal de gloire désespérée,
Le vieux mensonge : Dulce et decorum est
Pro patria mori.
(Traduction française par Georges Gernot)
John Pilger
Traduction "quand organiserons-nous un nouveau Nuremberg ?" par VD
pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles
habituelles
Journaliste, cinéaste et auteur, John Pilger est l’un des deux
journalistes à avoir remporté deux fois la plus haute distinction du
journalisme britannique. Pour ses documentaires, il a remporté un Emmy,
un British Academy Award, un BAFTA. Parmi de nombreux autres prix, il a
remporté un Prix du meilleur documentaire du Royal Television Society.
Son épopée de 1979 ,Cambodge année zéro, est classé par le British Film
Institute comme l’un des dix documentaires les plus importants du 20e
siècle.
Accroissement de la glace polaire malgré le réchauffement planétaire ?!
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Auteur : H.M. | Editeur : Walt | Samedi, 27 Août 2016 - 18h33
Dans le monde entier, des millions de personnes ont suivi la
cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Rio de Janeiro. La cérémonie
a commencé avec un feu d’artifice impressionnant et un show
spectaculaire avec des lumières laser, en plus de nombreuses stars de la
musique brésilienne et des milliers de danseurs de samba. Mais
l’ouverture des Jeux a aussi été utilisée comme plateforme pour la
protection du climat et on y a souligné que la terre se réchauffe.
Pourtant, des chercheurs et auteurs renommés déclarent faux ce
réchauffement et la fonte des glaces polaires qui en est la conséquence.
En effet l’analyse d’images satellites montre qu’en 2015 la mer de
glace arctique couvrait une surface de 4,41 millions de kilomètres
carrés lors du minimum annuel du 11 septembre 2015. Cela représente 1,02
million de kilomètres carrés de plus par rapport au minimum annuel
précédent du 17 septembre 2012, qui était de 3,39 millions de km², donc
une augmentation de 30% de la surface glacée. La croissance saisonnière
des glaces a même commencé quatre jours plus tôt en 2015 que dans la
période de 1981 à 2010.
Par ailleurs la couche de glace serait devenue non seulement plus
étendue et plus épaisse, mais aussi plus dense. Cela veut dire qu’elle
est devenue plus résistante contre une fonte supplémentaire, comme le
fait remarquer le professeur Andrew Shepherd, de l’Université de Leeds.
Selon ses observations, la glace en Arctique s’est « rétablie de manière
significative ». Et la spécialiste atmosphérique Judith Curry de
l’Institut de Technologie de Géorgie à Atlanta lui donne raison : « La
courbe vers le bas de l’épaisseur de la couche de glace en Arctique
semble s’être inversée ».
Avec une surface de la mer de glace de 4,41 millions de km² minimum,
une croissance de la surface glacière de 30 % par rapport à 2012 et la
croissance des glaces la plus précoce depuis 1997, l’Arctique dément en
2015 tous les pronostics du prix Nobel Al Gore, qui prédisait pour 2013
et au plus tard 2015 un continent Arctique sans glace pendant l’été.
Et qu’en est-il de l’année 2016 ? - Le groupe portant le nom de
« Polar Ocean Challenge » sous la direction du britannique David
Hempleman-Adams avait prévu une expédition scientifique de deux mois,
lors de laquelle il voulait partir de la ville portuaire britannique de
Bristol pour passer près de l’Alaska, la Norvège et la Russie et revenir
par le passage Nord-Ouest en direction de l’Alaska et du Groenland pour
arriver à Bristol. Comme l’écrit le groupe sur son site internet, il
veut prouver par ce voyage que « la couche de glace du Pôle Nord a
tellement fondu pendant les mois d’été que l’on peut maintenant
traverser la mer autrefois prise par les glaces ». Cependant en ce
moment le bateau et son équipage sont bloqués dans la ville portuaire de
Mourmansk, qui reste normalement sans glaces même en hiver grâce au
Gulf Stream. La poursuite du voyage est actuellement empêchée par les
masses glacières qui, selon la conviction déterminée du groupe, ne
devraient normalement plus exister en été. Dans son article, le
scientifique Tony Heller démontre à l’aide de mesures actuelles, que les
températures en Arctique se trouvent en effet en dessous des valeurs
normales, malgré les cris d’alerte qui disent que l’Arctique serait plus
chaud que jamais.
Le groupe Polar Ocean Challenge n’est pas la première expédition qui a
voulu apporter la preuve des répercussions du réchauffement climatique
global sur les glaces polaires et qui a échoué. En 2013, le bateau de
recherche « Akademik Shokalskiy » a été pris par les glaces. La
situation a tellement empiré qu’au final l’équipage de 52 hommes a dû
être évacué. L’année dernière, le brise-glace canadien « CCGS Amundsen »
a dû se dérouter pour aller au secours de nombreux navires de
ravitaillement pris dans les glaces.
Le climat est donc un sujet très controversé, comme nous l’avons
montré dans nos émissions du 23 et du 31 décembre 2015 en français, et
comme Philippe Verdier, un des présentateurs météo les plus connus de la
télévision française, l’a vécu lui-même.
En effet, en 2015 il a été licencié par la télévision nationale
française. Pourquoi ? Il s’est exprimé contre l’interprétation
« scientifique » du climat selon le mainstream. Dans son livre « Climat
Investigation » il affirme qu’il n’y a pas eu, comme on le diffuse, de
changement climatique causé par l’homme et que des chercheurs
climatiques mandatés par la politique, prennent en quelque sorte le
monde « en otage » et publient des données qui induisent en erreur.
L’utilisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques comme
plateforme pour la propagande climatique unilatérale montre combien les
liens d’intérêts sont entremêlés.
Une tribu aborigène refuse 1 milliard de $ d’une compagnie pétrolière
1
Auteur : Mr Mondialisation | Editeur : Walt | Samedi, 27 Août 2016 - 14h51
L’information est pratiquement passée inaperçue des grands médias,
elle est pourtant symbolique d’un combat mené par des minorités au nom
de la planète entière. Au Canada, une petite communauté d’amérindiens a
refusé un « pot de vin » (officiellement, un dédommagement) d’ 1
milliard de dollars qui aurait dû ouvrir la voie à la construction d’un
port pour le transport du gaz naturel liquéfié.
Avec la raréfaction des puits de pétrole, le secteur doit se
diversifier dans des sources non-conventionnelles et repousser toujours
plus les limites de l’exploitation des milieux naturels. Ceci implique
notamment la construction de nouveaux ports industriels. C’est ainsi que
le groupe pétrolier Malaysien Petronas avait l’ambition de construire
un port spécialisé pour l’acheminement du gaz naturel liquéfié au
Canada. Un sous-projet d’un plan d’exploitation plus large de 36
milliards de dollars canadiens lancé par le groupe Pacific NorthWest
LNG.
Malheureusement leur projet va, au moins momentanément, prendre l’eau
tout récemment avec la décision des Lax Kw’ alaams, une tribu
amérindienne, de refuser la construction de ce port pétrolier adapté au
gaz naturel. Par la même occasion, la tribu constituée de quelques 3600
membres fait une croix sur la bagatelle d’1 milliard de dollars. « Ce
n’est pas une question d’argent. L’enjeu est environnemental et
culturel. » exprime Garry Reece, porte parole du groupe, au New York
Times.
Après six consultations publiques et débats, le conseil de la tribu
va s’opposer au paiement et au projet. Ainsi, la communauté située en
Colombie-Britannique à l’extrême Ouest du Canada, pose un acte
écologique fort et courageux. En effet, les habitants craignent que le
projet de Petronas puisse avoir un impact important sur les poissons et
l’environnement, causant des dégradations irréversibles des « terres
sacrées » qui appartiennent aux Lax Kw’ alaams. La plus grande
inquiétude concerne la survie des jeunes saumons sauvages dont l’habitat
naturel pourrait être détruit et est déjà malmené par d’autres sources
de pollutions. Mais la compagnie pétrolière avance des études
environnementales exprimant un avis contraire. L’agence environnementale
canadienne n’a pas encore remis son avis. Dans une réflexion plus
globale, c’est une opposition locale à un souhait de construire sans
tarder une ère post-pétrolière à l’heure même d’une crise écologique
sans pareille mesure.
Une petite bataille de gagnée mais certainement pas la victoire. La
compagnie pétrolière annonce qu’elle continuera à évaluer la viabilité
du projet pour répondre aux attentes des natifs amérindiens. De
nouvelles « négociations » auront probablement lieu. Plusieurs batailles
locales contre des projets similaires se déroulent au même moment au
Canada, au Québec et dans le nord des États-Unis. À titre d’exemple, le
projetKeystone XL, un pipeline géant devant transporter les sables
bitumineux du Canada à travers les USA, est au point mort à ce jour.
D’autres tribus aborigènes font opposition à cet autre projet de manière
effective pour l’instant. Jusqu’à quand ces peuples vont-ils résister à
« la marche du progrès » ? Le progrès ne serait-il pas désormais
d’envisager de nouvelles énergies sans plus tarder ?
ProjectSauron, le logiciel-espion d’Etat dissimulé depuis cinq ans
1
Auteur : Le Monde | Editeur : Walt | Vendredi, 12 Août 2016 - 16h12
C’est un logiciel malveillant très sophistiqué qu’ont détecté
les entreprises desécurité informatique Symantec et Kaspersky. Dans des
rapports publiés respectivement dimanche 7 et lundi 8 août, elles font
chacune de leur côté état d’une découverte hors du commun : celle d’un
logiciel-espion présent dans des systèmes informatiques sensibles d’une
trentaine d’institutions dans plusieurs pays du monde, depuis au moins
cinq ans. Des institutions gouvernementales, scientifiques, militaires,
télécoms et financières ont été touchées, dans des pays comme
la Belgique, la Russie, l’Iran, la Chine, le Rwanda ou encore
la Suède.« Mais nous sommes certains que ce n’est que le sommet de
l’iceberg », soulignent les chercheurs de Kaspersky dans leur rapport.
L’entreprise explique l’avoir détecté en septembre dernier dans « un
réseau appartenant à une institution publique », après avoir été
contactée pour enquêtersur des anomalies. Ce logiciel, actif depuis au
moins 2011, installe une porte dérobée sur les machines concernées et
permet ainsi aux pirates d’espionner leur activité, mais aussi
de voler des fichiers, des mots de passe et des clés de chiffrement.
Kaspersky le nomme « ProjectSauron », car ses lignes de code contiennent
des références à Sauron, l’antagoniste principal du Seigneur des
anneaux, qui apparaît sous la forme d’un œil gigantesque capable de
tout voir. Symantec, de son côté, l’appelle « Remsec ».
« Implication d’un Etat »
S’il a pu passer inaperçu aussi longtemps, c’est que ce « malware »,
dissimulé dans des fichiers à l’apparence banale, est conçu de façon
très différente des autres logiciels de ce type. « Les pirates ont
clairement compris que nous, les chercheurs en sécurité informatique,
sommes toujours à la recherche de comportements répétitifs, indique
Kaspersky. Supprimez-les et l’opération sera bien plus difficile
à découvrir ». Les créateurs de ce logiciel ont en fait« personnalisé
son infrastructure pour chaque cible », ce qui fait que les traces et
les indices laissés par ProjectSauron diffèrent d’un système à l’autre.
Kaspersky explique également que ce logiciel est capable
de dérober des informations sur des ordinateurs non connectés à Internet
– ceux qui contiennent généralement les informations les plus sensibles
– grâce à une clé USB infectée, permettant d’aspirer des données
discrètement.
Qui est à l’origine de ce malware ? Pour Kaspersky, cela ne fait aucun doute :
« Le coût, la complexité, la persistance et l’objectif de
l’opération, à savoir voler des données confidentielles et secrètes
d’institutions publiques sensibles, suggère l’implication ou le soutien
d’un Etat ».
Même analyse du côté de Symantec, qui estime que « ses cibles ont été
principalement des organisations ou des invidus qui
pourraient intéresser des services de renseigement ». Aucune des deux
entreprises ne se risque toutefois àsuggérer de quel Etat il pourrait
s’agir.
Google Maps a décidé d'exterminer les Palestiniens !
2
Auteur : RT (Russie) | Editeur : Walt | Jeudi, 11 Août 2016 - 00h24
Google a supprimé le nom de Palestine de ses cartes et l’a remplacé par Israël.
La décision de Google de retirer la Palestine de ses cartes et de la
remplacer par Israël a été tout de suite dénoncée par le Forum des
Journalistes Palestiniens.
Selon leur déclaration, la décision de Google faite le 25 Juillet est
"une partie de la stratégie d'Israël pour établir son nom en tant
qu'Etat légitime pour les générations à venir et rayer définitivement de
la carte la Palestine".
"Le déplacement vise également à falsifier l'histoire, la géographie,
ainsi que le droit du peuple à avoir sa patrie, et aussi une tentative
échouée de manipuler la mémoire des Palestiniens et des Arabes ainsi que
du monde".
D'après le forum, ce remplacement est "contraire à toutes les normes
et conventions internationales", ce qui souligne que Google doit refuser
ses actions.
Les internautes ont largement réagi à la décision de Google de
remplacer la Palestine par Israël sur ses cartes. Parmi des centaines de
tweets consacrés à ce sujet, en voici quelques-uns relevés par Sputnik:
"La Palestine vivra toujours dans nos cœurs! Un jour nous prierons dans la mosquée Aqsa".
"Google, tu sais, je ne t'ai pas visité depuis que j'ai acheté mon
nouveau portable, et je vendrai mon ordi pour t'oublier et pour
t'effacer de ma mémoire".
Auteur : Dmitry Orlov | Editeur : Walt | Mardi, 09 Août 2016 - 14h07
De toutes ces années à regarder la politique aux États-Unis,
je n’ai jamais vu une élection présidentielle générer des émotions
aussi négatives. Tout le monde déteste Donald Trump ou Hillary Clinton
ou, de plus en plus, les deux. Cela crée un problème psychologique grave
pour beaucoup de gens : ils veulent dire à leurs amis et au monde que
Clinton est mentalement instable doublée d’un escroc, mais ils sont en
conflit parce qu’ils se rendent compte que, ce faisant, ils soutiendront
Trump.
Ou ils veulent dire à tous que Trump est vulgaire, narcissique, un
égoïste et un gros vantard, mais ils sont en conflit parce qu’ils se
rendent compte que, ce faisant, ils soutiendront Clinton. Certains
abandonnent le duopole des deux partis en faveur des petits partis,
prêts à voter pour la verte Jill Stein ou Gary Johnson, le libertarien,
mais ils sont en conflit parce que le vote pour Stein prendrait des
votes à Clinton l’escroc et donc soutiendrait Trump le vantard, alors
qu’en votant pour Johnson, cela prendrait des votes à Trump le vantard
et soutiendrait ainsi Clinton l’escroc. Il n’y a simplement pas d’option
gagnante ! Ou peut-être y en a-t-il une ?
Il y a une longue liste d’arguments pour voter contre l’un des
principaux candidats, certains d’entre eux clairement évidents. Au
sommet de la liste de ceux contre Clinton, il y a qu’elle est corrompue
et belliciste, alors que Trump est inexpérimenté et va provoquer des
divisions sociales. Mais il n’y a pas une seule raison valable pour
trouver quelqu’un qui voudrait voter volontairement pour eux. Certains
ont soutenu que Trump est moins susceptible de provoquer une troisième
guerre mondiale, parce que ses instincts sont ceux d’un homme
d’affaires, et qu’il est principalement intéressé à faire de l’argent,
pas la guerre; mais Clinton aime l’argent tout autant que Trump. Il
suffit de regarder sa gigantesque caisse noire privée, connue sous le
nom de Fondation Clinton! D’un autre côté, peut-être que Trump ne va
aimer l’idée de la paix que jusqu’au moment où il sera élu. Là, il lui
sera expliqué que l’empire américain est un racket et la mafia va le
menacer de lui briser les jambes, pour le convaincre d’être raisonnable.
Et alors il aimera la guerre tout autant que Clinton. Rien de tout cela
ne rend facile pour un amoureux de la liberté et de la paix de voter
pour l’un d’eux en toute conscience.
J’ai entendu Jill Stein dire que les gens devraient être en mesure de
voter selon leur conscience. Oui, nous allons lui concéder que voter
contre sa conscience n’est probablement pas bon pour l’âme, juste
peut-être pour le portefeuille. Mais cela donne au bureau de vote la
forme d’un confessionnal, plutôt que d’un appareil par lequel les gens
peuvent affirmer leur pouvoir politique très limité. Mais avez-vous un
quelconque pouvoir politique, ou est-ce que les élections américaines ne
sont qu’un jeu de manipulation, dans lequel vous perdez, peu importe
comment vous votez ? Une étude de 2014, Tests des théories politiques américaines : Elites, groupes d’intérêt et les citoyens moyens par
Martin Gilens et Benjamin I. Page, a montré de manière concluante
comment les préférences des citoyens moyens ne comptent pour rien, au
contraire de celles des élites aisées et des groupes d’intérêt. Ainsi, à
la question de savoir si vous êtes le gagnant ou le perdant dans le jeu
de la politique électorale des États-Unis, il est facile de répondre :
si vous êtes un multimilliardaire et un capitaine d’industrie, alors
vous pouvez gagner ; si vous êtes un citoyen moyen, vos chances de
gagner sont précisément de zéro.
Étant donné que vous allez perdre, pourquoi devriez-vous jouer ?
Devriez-vous vous comporter comme un Mouton furieux, obéissant à tous
les signaux que vous envoient les candidats, leurs organisations et les
commentateurs politiques dans les médias de masse ? Devriez-vous y
participer, pour donner la plus grande victoire possible à ceux qui
manipulent le processus politique à leur avantage ? Ou devriez-vous
refuser toute coopération dans la plus large mesure possible et essayer
de les démasquer et de neutraliser leurs efforts de manipulation
politique ?
Bien sûr, il y a quelques frissons bon marché à avoir, pour les
Moutons furieux sous endorphines, comme sauter de haut en bas tout en
agitant des signes produits en masse et en criant des slogans
pré-approuvés par des comités de campagne. Mais si vous êtes le genre de
personne qui aime avoir une pensée indépendante de temps à autre, vous
cherchez probablement trois choses :
- éviter des dommages psychologiques d’avoir à observer et à participer à ce spectacle absurde et dégradant ;
- l’expérience du délicieux frisson de regarder ce système échouer et ceux qui sont derrière lui perdre la face ;
- et retrouver une certaine quantité de foi en la possibilité d’un
avenir pour vos enfants et petits-enfants, qui pourrait impliquer
quelque chose qui ressemble effectivement à une sorte de démocratie,
plutôt qu’à un sordide et humiliant jeu truqué.
Avant de nous mettre à jouer, nous devons comprendre quel est le type
de jeu proposé, en termes techniques. Il existe de nombreux types de
jeux : des jeux de force, des jeux d’adresse (escrime) et des jeux de
stratégie (backgammon). Celui-ci est un jeu de force, le combat
utilisant de grands sacs d’argent, mais il peut être transformé en un
jeu de stratégie par le côté le plus faible, sans pouvoir gagner, mais
en niant la victoire du côté adverse.
La plupart d’entre nous sont animés par la belle idée que les jeux
devraient être équitables. Dans un jeu juste, les deux parties ont une
chance de victoire, et il y a normalement un gagnant et un perdant, ou, à
défaut, un match nul. Mais les jeux équitables ne représentent qu’un
sous-ensemble des jeux, tandis que le reste, la grande majorité, est
injuste. Ici, nous parlons d’un type spécifique de jeu déloyal, dans
lequel votre camp perd toujours. Mais cela veut-il dire que l’autre côté
doit toujours gagner ? Pas du tout ! Il y a deux résultats possibles: «
Vous perdez ? ils gagnent » et «Vous perdez ? ils perdent ».
Maintenant, si vous, n’étant ni multimilliardaire, ni un capitaine
d’industrie, vous êtes confronté à la perspective de passer le reste de
votre vie du côté des perdants, quel résultat pourriez-vous souhaiter ?
Bien sûr, vous devriez vouloir que l’autre côté perde aussi ! La raison :
si ceux de l’autre côté commencent à perdre, alors ils vont abandonner
ce jeu et recourir à d’autres moyens d’assurer une victoire injuste.
Dans le cas du jeu de la politique électorale américaine, cela percerait
le voile de la fausse démocratie, générant un niveau d’indignation
publique qui pourrait rendre la restauration de la démocratie réelle au
moins théoriquement possible.
Alors, comment changer le résultat de « Vous perdez ? ils gagnent » en « Vous perdez ? ils perdent » ?
La première question à laquelle répondre est de savoir si vous
devriez prendre la peine de voter, et la réponse est oui, vous devriez
voter. Si vous ne votez pas, alors vous abandonnez le terrain de jeu aux
Moutons furieux qui, étant les plus faciles à manipuler, remettront une
victoire facile à l’autre camp. La question restante est : comment
devriez-vous voter pour faire perdre l’autre côté ? Cela ne devrait pas
être considéré comme une question de choix personnel ; pas besoin de
vous préoccuper de savoir qui est le « moindre mal », ou quel candidat
fait les moins mauvaises promesses. Vous n’allez pas voter pour
quelqu’un ; vous allez voter contre l’ensemble du processus. Pensez-vous
comme un soldat qui se porte volontaire pour la défense de la liberté :
vous allez tout simplement exécuter les ordres. La charge a été déposée
par quelqu’un d’autre ; votre mission, si vous l’acceptez, est
d’allumer la mèche et de partir. Cela devrait à la fois vous motiver
pour aller voter et rendre le processus de vote facile et sans stress.
Vous allez démasquer, renverser le paradigme dominant puis regarder le
feu d’artifice.
Maintenant, vous devez comprendre la façon dont le jeu électoral se
joue. Il se joue avec de l’argent, de grosses sommes d’argent, le vote
étant tout à fait secondaire. En termes mathématiques, l’argent est la
variable indépendante et les votes sont la variable dépendante, mais la
relation entre l’argent et les votes est non linéaire et varie dans le
temps. Pour commencer, les intérêts financiers misent d’énormes sommes
d’argent sur les deux grands partis, non pas parce que les élections
doivent être, par leur nature, ridiculement chères, mais cela érige un
obstacle insurmontable à l’entrée des citoyens moyens dans le processus.
La décision finale de victoire est prise avec une marge relativement
mince, afin de rendre au processus électoral un semblant d’authenticité,
plutôt qu’une pure mise en scène, et susciter l’enthousiasme. Après
tout, si les intérêts financiers se contentaient de jeter tout leur
argent sur leur candidat préféré, cela rendrait la victoire de ce
candidat jouée d’avance, mais ce ne serait pas vu comme suffisamment
démocratique. Ils utilisent donc des sommes importantes pour se séparer
de vous les sans-dents, mais de beaucoup plus petites sommes pour faire
pencher la balance.
Lors du calcul pour faire pencher la balance, les experts politiques
employés par les intérêts financiers se reposent sur des informations
sur l’appartenance politique, les données de sondage et les habitudes
historiques de vote. Pour changer le résultat d’un mode
« gagnant/perdant » à un mode « perdant/perdant », vous avez besoin
d’invalider ces trois choses :
- Le bon choix d’appartenance à un parti est aucun, ce qui, pour une
raison bizarre, est communément étiqueté comme indépendant (et attention
pour l’American Independent Party, qui est un parti d’extrême-droite
mineur en Californie qui a trollé avec succès les gens pour qu’ils se
joignent à eux par erreur). Quoi qu’il en soit ; laissez les Moutons
furieux fiers d’être des dépendants. Dans tous les cas, les deux
principaux partis sont en train de mourir, et le nombre de membres non
affiliés a un parti est maintenant presque le même que le nombre de
démocrates et de républicains réunis.
- Lorsque vous répondez à un sondage, la catégorie pour laquelle vous
devriez toujours opter, c’est indécis, jusqu’au moment où vous entrez
dans l’isoloir. Interrogé sur vos habitudes sur diverses questions, vous
devez vous rappeler que l’intérêt concernant votre avis est
malhonnête : votre position sur les vraies questions ne compte pour rien
(voir l’étude ci-dessus), sauf dans le cadre d’un effort pour vous
amener, vous, Mouton furieux, dans un paddock politique. Par conséquent,
quand on parle aux sondeurs, soyez vaguement des deux côtés sur chaque
question tout en soulignant que cela ne joue aucun rôle dans votre prise
de décision. Si on vous demande ce qui importe pour vous, indiquez que
vous vous concentrez sur des questions telles que le langage corporel,
le sens de la mode et le comportement des candidats. Cela aura pour
effet de court-circuiter toute tentative de vous manipuler en utilisant
votre capacité purement fictive pour influencer la politique publique.
Vous ne pouvez pas être pour ou contre un candidat de manière franche et
claire ; ni qu’il y a un test décisif sur le comportement ou sens de la
mode. Les politiciens sont censés être en mesure de mener les Moutons
furieux en faisant des promesses qu’ils n’ont pas l’intention de tenir.
Mais que va-t-il se passer si les électeurs (conscients du fait que
leurs opinions ne comptent plus) commencent soudainement à exiger une
meilleure posture, des gestes de mains plus gracieux, un ton de voix
plus mélodieux et un côté plus énergique ? Calamité ! Ce qui était censé
être un champ de bataille idéologique, faux mais bien rangé avec des
lignes de front fictives mais clairement délimitées, se transforme
soudain en un concours de beauté macabre tenu dans un champ uniforme de
boue liquéfiée.
- La dernière étape consiste à invalider les habitudes de vote
historiques. Ici, la solution parfaitement évidente est de voter au
hasard. Le vote aléatoire produira des résultats non aléatoires mais
chaotiques, viciant l’idée que le processus électoral se base sur les
plates-formes des partis politiques, des questions ou des mandats
populaires. Plus important encore, il annulerait le processus par lequel
les votes sont achetés pour obtenir de l’argent des politiques. Il
suffit de se rappeler d’apporter une pièce dans l’isoloir avec vous.
Voici un organigramme qui explique comment vous devez décider pour qui
voter une fois que vous êtes debout dans la cabine de vote tenant votre
pièce :
Pile / Face -> Gauche / Droite -> Pile / Face -> selon Clinton / Stein ou Trump / Jonhson
Si vous voulez être un activiste, apportez une poignée de pennies et
distribuez-les aux gens tout en faisant la queue au bureau de vote. Vous
n’aurez pas besoin de convaincre beaucoup de gens pour produire l’effet
escompté. Rappelez-vous, qu’afin de maintenir l’apparence d’un
processus démocratique, la marge artificielle financièrement induite par
la victoire est maintenue assez mince, et même une petite quantité
d’aléatoire ajoutée est suffisante pour l’anéantir. Soulignez le mot
« liberté » en bonne place et en relief sur chaque penny. Expliquez
brièvement ce qu’est un Mouton furieux, et comment l’exercice de la
liberté est exactement le contraire d’être un Mouton furieux. Ensuite,
expliquez-leur comment les pièces de monnaie doivent être utilisées : le
premier tirage du penny détermine si vous votez pour la gauche ou la
droite ; le deuxième si vous votez pour le candidat majeur ou mineur.
Assurez-vous de mentionner que c’est un moyen infaillible pour pomper
l’argent des politiciens. Essayez la ligne: « Ce penny ne peut pas être
acheté. » Ne pas discuter, ne pas débattre ; sortez votre discours bien
huilé, donnez le penny et avancez. Le dernier détail dont tout le monde a
besoin de se rappeler est de savoir comment répondre aux sondages de
sortie de vote, afin de priver l’autre côté de toute compréhension de ce
qui vient d’arriver. Lorsqu’on vous demandera comment vous avez voté,
dites : « J’ai voté à bulletin secret. »
Ensuite, vous pouvez rentrer à la maison, allumer la boîte à con et
regarder un spectacle amusant avec des grincements de dents, des
vêtements arrachés et la dispersion de cendres sur les têtes
jacassantes. Vous ne pourrez pas voir les scènes de rancœur backstage et
les récriminations parmi les élites fortunées, mais vous pouvez
imaginer à quel point elles seront furieuses, ayant vu leurs milliards
de dollars vaincus par quelques poignées de pennies.
Vous pourriez penser que le vote aléatoire, avec chaque candidat
obtenant une part égale de voix, serait parfaitement prévisible, ce qui
permettrait d’assurer une victoire par le piratage de quelques machines
de vote. Mais ce ne sera jamais le cas dans le monde réel, parce que
tout le monde ne va pas voter au hasard. Vous pourriez alors penser
qu’il serait encore possible de manipuler les électeurs au vote non
aléatoire d’une certaine manière. Mais comment on peut prédire qui va
voter au hasard, et qui ne le fera pas ? Et si chaque vote est, en
substance, acheté, comment quelqu’un va-t-il acheter des votes
aléatoires ou déterminer à quel candidat un tel achat serait favorable ?
Dans cette situation, l’achat de votes ne servirait qu’à embrouiller
davantage le résultat. Ainsi, l’effet du hasard ajouté au résultat ne
serait plus aléatoire ; il serait chaotique.
Et voila, mes chers compatriotes, comment vous pouvez changer un
résultat « Vous perdez ? ils gagnent » en un résultat plus juste et plus
équitable de « Vous perdez ? ils perdent » dans ce jeu particulier de
stratégie.
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone
Auteur : Robert Bibeau | Editeur : Walt | Lundi, 01 Août 2016 - 14h16
Nous avons reçu ces questions dans notre boite aux lettres
récemment : « Je cherche à comprendre comment s’est réalisé le
renchérissement dramatique de l’or. En mars 1967, le lingot valait 5555
francs ou 847 €. Il vaut actuellement 37 750 €, la hausse est de
4 457 %, à qui profite le crime ? Pourquoi existe-t-il une inflation
continuelle ? Pendant cette période la pauvreté s’est aggravée, les
pauvres sont de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux et les
riches de plus en plus riches. Y aurait-il un lien de causalité ? Est-ce
à rapprocher de 2008 et de la crise des subprimes qui a eu le même
effet ? Et le FMI et la Banque Mondiale n’est-ce pas une arnaque des
pays riches contre les pays pauvres ? » (1)
Amorçons notre réponse par ces interrogations à propos du Fonds
Monétaire International et de la Banque Mondiale. Nous complèterons en
traitant de la question de la valeur de l’or et des monnaies qui est de
toute façon liée à la précédente.
Les organismes de la gouvernance internationale impérialiste
Le FMI et la Banque Mondiale ont été constitués à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le cadre d’une entente appelée les Accords de Bretton Woods (1944).
Ce sont des ententes mises sur pied par le grand capital financier
occidental pour l’assister dans son expansion mondiale (vers l’Asie et
l’Afrique), afin de mettre les bourgeoisies nationales de ces pays
« émergents », ainsi que celles des pays qui seraient bientôt en
reconstruction (Europe), sous la botte du grand capital multinational.
Le FMI et la BM ont été créés en tant que pendant financier de l’OTAN
sur le plan militaire, de l’ONU sur le plan politique, et du CPI sur le
plan juridique. Le tout constituant une structure de gouvernance chargée
d’organiser l’hégémonie de la première économie capitaliste sur
l’ensemble de l’impérialisme mondialisé.
Ces organismes financiers internationaux, inféodés à la classe
capitaliste occidentale, étaient du type « police du fric » et leur
mission spécifique consistait à forcer les bourgeoisies nationalistes
des différents pays pseudolibérés (2) à rejeter le fardeau de la crise
économique d’après-guerre sur le dos des classes ouvrières, paysannes et
petites-bourgeoises nationales (ce qui comprenait les petites
bourgeoisies eurocommunistes ainsi que d’autres comme ces communistes
indonésiens que Soekarno le « non-aligné » fera exécuté, etc.). Les
armées alliées avaient ordre de soutenir militairement cette stratégie
économique adossée au Plan Marshalétatsunien. L’équivalent du Plan Marshall sera mis sur pied du côté soviétique.
C’est par cette stratégie tous azimuts – planifiée depuis l’Occident
par la puissance impérialiste américaine (et par l’URSS du côté du
Comecon) que le grand capital international assura son expansion finale
sur l’ensemble de la planète, prenant pour l’occasion les noms de « mouvement de décolonisation et de lutte de Libération nationale antiimpérialiste, et de Révolution de démocratie nouvelle »
(sic), c’est-à-dire, un mouvement de libération des anciennes
puissances impérialistes européennes remplacées par le duo É.-U. – URSS.
Ce à quoi la Chine « maoïste » allait bientôt s’opposer, réclamant sa
part du gâteau des pays capitalistes « non alignés » dans l’esprit de
Bandung et de la Tricontinentale (3). Les guerres de Corée et du Vietnam
ne furent rien d’autre que le résultat de cette concurrence entre
grandes puissances pour recruter les bourgeoisies nationalistes des pays
en voie de développement, que l’on appelle maintenant pays
« émergents ».
Pendant cette période trouble sur le plan économique et politique
Le FMI, la BM et d’autres organisations financières internationales
avaient pour tâche de soutenir et de maintenir le taux de profitabilité
du grand capital international pas exclusivement étatsunien, mais de
tout le capital international imbriqué en un tout concurrentiel
globalisé, ce que les altermondialistes, les « démondialisateurs » et
les euros sceptiques découvriront cinquante années plus tard. Ne pas
oublier qu’à cette époque l’impérialisme était en pleine expansion,
d’abord vers l’Amérique latine et vers l’Asie, et ensuite vers
l’Afrique. Maintenir le taux de profitabilité se révéla une tâche
impossible à réaliser. Les lois inhérentes au mode de production
capitaliste empêchaient l’atteinte de cet objectif de produire toujours
plus de plus-value pour assurer la profitabilité des investissements en
utilisant de moins en moins de capital variable – vivant – unique source
de plus-value, et c’est ici que nous allons aborder la question de l’or
international et des monnaies nationales.
Les Accords de Bretton Woods (4) régulaient
strictement l’échange des monnaies, dont la « monnaie » universelle –
l’or – que les capitalistes internationaux avaient la prétention de
contenir et d’asservir. Ainsi les Accords prévoyaient que le dollar
américain serait de facto la monnaie privilégiée du commerce
international, mais à la condition que cette devise soit convertible en
« quasi-devise » or. Cependant les Américains, entrevoyant les
problèmes, exigèrent que cette convertibilité soit fixée à 35 dollars US
l’once d’or. L’économie mondiale s’accroissant, le commerce mondial se
démultipliant, alors que la quantité d’or sur le marché n’augmentait pas
assez rapidement, le déficit commercial étatsunien eut tôt fait
d’emporter les réserves fédérales américaines (comprenant l’or allemand
stocké à Fort Knox). En 1971, le Président Richard Nixon baissa les bras
et décréta que le dollar n’était plus convertible en or et que la
valeur de la devise américaine allait désormais flotter au gré des
marchés boursiers, ce qui de facto libérait la valeur de l’or qui
retrouvait (ce qu’elle n’avait jamais perdu en réalité) son rôle de
monnaie de réserve internationale. S’en suivit un renchérissement de la
valeur de l’or (valeur refuge) qui ne finit plus de gonfler telle une
baudruche, ce qui devrait se poursuivre jusqu’à la prochaine grande
dépression.
La monnaie de réserve – la monnaie or
Dans une économie de marché, de types capitaliste ou soviétique, le
rôle d’une monnaie est toujours de faciliter les échanges de
marchandises. Une monnaie sert d’intermédiaire entre les marchandises en
représentant adéquatement le quantum des forces de travail utilisées
(investi) dans la production d’une marchandise, et la somme de toutes
les marchandises disponibles sur le marché. La quantité de monnaie en
circulation ne devrait jamais dépasser la valeur sociale totale des
marchandises disponibles (produites) sur les marchés, sinon la monnaie
sera dépréciée – c’est l’inflation – ou la valeur des marchandises va
s’effondrer – c’est la déflation –. La surquantité de dollars, y compris
sous forme de crédits (qui n’est que l’anticipation d’une valeur à
réaliser), répandue sur les marchés est telle que la valeur du dollar,
et des autres monnaies comme l’euro et la livre sterling, périclite
alors que l’or, la quasi-monnaie de réserve de plus en plus rare
(relativement) grimpe en flèche. Ce que notre correspondant constate en
observant les indices boursiers.
De plus en plus de dollars (d’euros et de yens et de yuans) sont à la
poursuite d’un stock d’or limité. Attention toutefois, la valeur de
l’or monte relativement à la valeur des devises qui descend, ceci
signifie qu’il faut de plus en plus de dollars (euros, livres, francs,
yuans) sans valeur pour acheter une once d’or ! Est-ce vraiment un
renchérissement de la valeur de l’or ou un dépérissement inflationniste
de toutes les monnaies ?
Pour conclure
Que devons-nous conclure de tout ceci ? La montée de la valeur
relative de l’or signifie que la crise systémique du capitalisme
s’intensifie et qu’elle entrainera un immense krach boursier
international – les indices boursiers soufflés se réajustant à la valeur
réelle de la quantité de force de travail social réellement investi,
valorisée et spoliée aux ouvriers –. C’en sera fini alors des
hyperprofits bidon issus de la spéculation boursière, immobilière et
aurifère. Ceci ne sera que le premier acte de la tragédie des
milliardaires et des millionnaires en faillite. Suivront la dévaluation
de toutes les monnaies – la déflation – le chômage de masse – les
fermetures d’entreprises, les technologiques et les banques en premiers,
les autres par la suite. Sauveront une partie de leurs acquis – mal
acquis – ceux qui auront stocké de l’or physique (5), dont les cours,
s’envoleront. Le capital mondial atteindra des niveaux de concentration
incroyable – des millions de riches perdront leur fortune de pacotille,
et seuls en réchapperont ceux qui possèderont des réserves d’or, mais à
une condition cependant ! À la condition que cette très Grande
Dépression ne donne pas lieu au renversement du mode de production
capitaliste – et à son remplacement – et que ce système moribond se
maintienne sur les lieux de son crime, redonnant au marché, à l’or, et à
l’esclavage salarié leurs valeurs d’antan. Pour ceux qui ne le
savent pas, les capitalistes russes et chinois sont les premiers
producteurs et les premiers thésaurisateurs d’or au monde. Quelles puissances impérialistes selon vous sortiront vainqueurs de ce bras de fer monétaire ?
Si après cette autre crise tout redevient comme avant, tout
recommencera comme d’antan (après la Première et la Seconde Guerre
mondiale). Il appartiendra au prolétariat révolutionnaire international
de faire en sorte de trancher le nœud gordien et de construire un
nouveau mode de production non marchand. De grâce toutefois, tenez loin
de nous cette gauche bourgeoise sectaire, dogmatique et réformiste qui
ne comprend rien à tout ce cirque.
(2) Hormis ceux de l’Est, l’URSS et les pays du bloc de Varsovie
ne s’intègreront pas directement aux Accords de Bretton Woods, ils le
feront indirectement, via le marché international et le trafic des
devises.
(5) Nous spécifions « l’or métal », car les boursicoteurs et les
banksteurs ont depuis quelques années imaginés un stratagème frauduleux
qui consiste à émettre des « papiers à Ordre » (or), des parchemins qui ne valent pas le support sur lesquels ils sont libellés.